France-Kabylie : Mieux vaut la fin d’une catastrophe, qu’une catastrophe sans fin. (Chronique d’Ukkim)

CHRONIQUE (SIWEL) — Le 14 octobre 1839, Antoine Virgile Schneider, lieutenant-général, ministre de la guerre (1849-1840) sous la monarchie de Juillet, décréta que les trois départements français, Alger, Oran, Constantine, ce large territoire s’appellera, désormais, l’Algérie !
Les conséquences dévastatrices, de cette débile décision, allaient provoquer une falsification de l’histoire sans précédent. Dès 1863, Napoléon III, fils de Louis (ABU NAPART), profita de cette ukase pour constituer son royaume arabo-musulman en Afrique du Nord ; un royaume inexistant jusqu’alors, hormis les dynasties connues dans l’histoire de cette partie du Sud de la méditerranée.

L’occupation de la Kabylie à partir de 1857, qui était jusqu’à là indépendante, et son annexion au pays nouveau-né dont l’acte de naissance correspondait à l’acte de décès de notre pays kabyle, huit ans auparavant, la France ne se doutait pas que cette Kabylie est immortelle et que des kabyles inoxydables seront toujours là pour défendre leur identité.
Du second empire ( 1852-1870 ) à la cinquième République (1958 ), du premier président de la 3ème (Adolphe Thiers) à Emmanuel Macron, aucun des premiers magistrats de cette République française n’a remis en cause le désastre historique causé aux pays AMAZIΓ d’Afrique du Nord et du Sahel. Bien au contraire, les uns après les autres ont appuyé sur l’accélérateur de l’anéantissement des peuples autochtones.

Que veut la France à la Kabylie ?
Du milieu du 19ème jusqu’à celui du 20ème siècle, et au delà, la France officielle persiste et signe que la Kabylie et les autres pays AMAZIΓ sont parties intégrantes des pays arabo-musulmans du « maghreb » qu’elle a créé de toutes pièces.

Jack Lang, ancien ministre de la culture, sous François Mitterrand, n’a t-il pas reconnu que c’est bel et bien les français qui ont inventé  » le monde arabe  » ? À tel point que l’Algérie est devenue une province saoudienne.
Le rôle de la France dans la déconstruction et le démembrement de l’identité kabyle est, à n’en pas douter, beaucoup plus important et plus efficace que celui des occupants d’après 62, débarqués avec quarante milles soldats de l’armée des frontières.

Le mariage forcé, de la Kabylie au pays voisin créé de toutes pièces par la France, ne pourrait être accepté et consommé à jamais ; n’en déplaise à madame fafa qui a cru bon de nous dissoudre dans son moule arabo-obscurantiste.
La France officielle qui a, du reste, contaminée la France citoyenne, à laquelle elle a fait gober toutes ses malversations, n’en démord pas de ses graves erreurs et ne compte toujours pas les corriger, ne serait-ce que de reconnaître à la Kabylie son droit à l’autodétermination ; façon élégante de gommer ses inepties historiques.
Même la France citoyenne maintient, depuis de très longues décennies, ce qualificatif de bistrots arabes alors même qu’elle sait pertinemment qu’ils sont tenus en quasi totalité par des kabyles, qui ne sont pas nombreux à contester ce travers sémantique.

Dans son élan absurde de diluer la Kabylie, la France a, depuis 1857, fait preuve d’une stupide naïveté qui l’a amenée à vivre les heures les plus sombres de son histoire, en temps de paix, avec les attentats des obscurantistes auxquels elle a donné naissance sur son sol.
Peut-on parler d’un retour de manivelle ? La nature nous a tous appris que l’on ne récolte que ce que l’on sème. C’est triste que des victimes innocentes paient un aussi lourd tribut. Fallait-il que cette France balaie d’un revers de main le risque des dégâts collatéraux ?
Les kabyles arrivés en métropole dès la fin du 19ème siècle, avec le plus gros du contingent au début du 20ème, n’ont jamais cherché à imposer un mode de vie, encore moins une quelconque croyance. Ce respect des valeurs de la république n’a visiblement pas chatouillé les mentalités des français, officiels ou simples citoyens.

Nous sommes conscients que la France citoyenne est, plus ou moins, acquise à l’idée de l’indépendance de la Kabylie ; ceci étant, nous n’avons pas à nous réjouir de ce paramètre qui pourrait être trompeur.
Pour tout l’hexagone, le  » maghreb  » est arabo-islamique. Et les français ne sont pas prêts à en démordre, même s’ils reconnaissent à demi mot que l’Afrique du Nord n’est pas arabe. Le jacobinisme français, introduit dans l’Algérie qu’elle a créée, surtout celle d’après 1962, nous enseigne que nos aînés ont mis fin au colonialisme de Jules Ferry et autres, mais pas à la main mise de la France sur son ancienne colonie.

Les kabyles qui ont compris cet enjeu de taille, ont été mis à l’écart, assassinés, bridés et affaiblis pour les empêcher d’avoir un état susceptible de présenter une lourde facture à cette France qui a pillé trente six millions de francs-or en 1870-71, assassiné des centaines de milliers de kabyles de 1857 à 1962 et incendié des milliers de villages pendant toute cette longue et infernale période. Voici, en quelques lignes, quelques-unes des raisons qui ont fait que la 5ème république a préféré l’ivraie au grain. La politique arabe de cette France a fait la suite ; le résultat tout le monde le connaît !

J’aimerais pouvoir rappeler à tous les français qui liraient ce billet, un épisode historique contemporain.
Des attentats de 1995 jusqu’aux plus récents, il y’a une question que vous ne vous êtes jamais posée.
Après tous ces attentats, aussi cruels, aussi condamnables les uns que les autres, vous ne vous êtes jamais dit que les kabyles, qui ont fait la guerre 54/62 sur le sol français, ne se sont jamais pris aux innocents malgré les exactions de vos bidasses en Kabylie, qui ont incendié, violé, assassiné et commis des abus contre nature.

C’est vous dire si les kabyles étaient des sauvages ou des hommes réfléchis lesquels, même en temps de guerre déclarée, n’étaient pas aussi monstrueux pour s’en prendre au citoyen lambda, alors même qu’ils savaient que l’armée française avait mis la Kabylie à feu et à sang, ce qu’ont perpétré les successeurs avec la bénédiction de  » la patrie des droits de l’homme « .

Vous, Messieurs les dirigeants et officiels français, n’avez qu’à y remédier à vos bévues du passé envers les kabyles et la Kabylie, et enfin songer à prendre au sérieux la revendication pacifique de notre autodétermination.
Votre politique de l’autruche envers la Kabylie, le silence absolu de vos médias à l’égard de nos militants(tes) malmenés(es), intimidés(es), chassés(es), agressés(es), outragés(es) par le pouvoir occupant d’Alger, n’est ni plus ni moins un soutien et une attitude déshonorante et abjecte.

L’intérêt de la France officielle n’est pas dans quelques barils de pétrole, dans des contrats gaziers et/ou dans quelques menus contrats industriels, mais dans son éveil pour enfin regarder la réalité en face.
La Kabylie n’a jamais été l’ennemie de la France, contrairement à cette Algérie que vous avez créée artificiellement, même si elle a combattu et mis fin à votre colonialisme de près d’un siècle et demi.
Est-il nécessaire de vous rappeler que nous avions combattu ce colonialisme français, et non la France ? Cette nuance est de taille.
Comme nous combattons aujourd’hui l’occupation arabo-obscurantiste, et non le pays ou le peuple voisin.

Ukkim A.-T.

SIWEL 292100 JAN 18

En 1839, lorsque la France inventa l’Algérie, la Kabylie était « encore » indépendante.

 

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