AGADIR (SIWEL) — Le vendredi 24 juillet, s’ouvrait la septième session du Congrès Mondial Amazigh à Agadir qui s’est déroulé sur 3 jours: les 24, 25 et 26. Le premier jour était consacré aux invités du CMA et les 2 autres jours aux travaux du Congrès Mondial Amazigh qui doit consacrer le renouvellement de ses instances et une révision/actualisation de ses statuts.

Incontestablement, le premier jour, réservé aux invités du CMA, a été très fortement marqué par la présence du président du Gouvernement provisoire Kabyle, Ferhat Mehenni. A son arrivée, il a été littéralement assailli par les militants amazighs et lorsqu’il a été appelé à la tribune, c’est la salle toute entière s’est levée en l’applaudissant longuement avant même qu’il ne prenne la parole.

 

Parmi les invités,outre le président de l’Anavad, véritable vedette de cette ouverture du CMA, il y avait des représentants des peuples Canarien,Mozabite, Kabyle, Chaoui, Touaregs, des Amazighs de Siwa, des Amazigh du Maroc et pour la première fois des représentants des Amazighs de Mauritanie. Parmi les peuples non Amazighs, il y avait des représentants du peuple basque et un représentant français des peuples des montagnes…

Il est à noter que les services consulaires marocains à Tripoli ont refusé de délivrer des visas aux 23 membres de la délégation des Amazigh de Libye pour assister aux travaux du Congrès Mondial, de sorte que la Libye a été représentée par le seul Fathi N Khlifa, ancien président du CMA.

Concernant la délégation du Mzab, il est à rappeler que tous les membres de la dite délégation sont emprisonnés par l’Etat algérien pour les crimes dont ils sont eux-même victimes. En remplacement de la délégation Mozabites qui devait être conduite par le Dr. Kameleddine Fekhar, ce sont deux autres Mozabites qui devaient composer la délégation du Mzab mais un seul Mozabite a pu franchir la frontière car non connu des services algériens. Son compagnon fiché n’a pas pu passer la frontière.

C’est donc ainsi que c’est ouvert la 7è session du Congrès Mondial Amazigh. Comme nous l’avions précisé, l’ouverture du Congrès a été fortement marquée par la présence de Ferhat Mehenni. A son arrivée, il a été littéralement assailli par les militants amazighs. Puis juste après les interventions des représentants fédéraux du CMA, il a été le premier a intervenir parmi les invités représentant les peuples Amazighs. Lorsque Ferhat Mehenni a été appelé à la tribune, la salle toute entière s’est levée en l’applaudissant longuement avant même qu’il ne prenne la parole.

La première partie de l’intervention du Président de l’Anavad été marquée par un discours entièrement en kabyle pour, a-t-il dit, "apporter la démonstration qu’il existe bien DES peuples Amazighs et non UN peuple Amazigh" car a t-il encore précisé "Nous sommes les premiers à nous piétiner nous-même en refusant d’admettre notre diversité: Il y a des peuples amazigh avec chacun leur langue: la langue kabyle, la langue chaoui, la langue tamashek, la langue rifaine, la langue tachelhit…;" .

Puis avec humour, Ferhat Mehenni dira à l’assistance, "en parlant en kabyle, j’ai bien vu que vous n’avez pas compris. Et notre frère Touareg de l’Azawad prendra la parole et vous dira quelques mots en tamashek et j’espère bien que vous le comprendrez aussi". Le président de l’Anavad a également précisé que les Kabyles respectent tous les combats menés par les peuples Amazighs, quels que soient leurs stades de revendications". Ferhat Mehenni n’a pas manqué évidemment de parler de la tragédie des Mozabites actuellement sous le coup de la dictature criminelle de l’Etat algérien qui "emprisonne ceux qui se font tuer", tout comme il a parlé de la question de l’Azawad dont la libération a été sabotée par la France et l’Algérie…"pour le moment" a-t-il dit car précise-t-il encore, "le peuple de l’Azawad reviendra et l’Azawad sera indépendant, un jour ou l’autre parce que c’est la volonté de son peuple".

Ensuite, le président de l’Anavad a parlé du long chemin parcouru par la Kabylie revenant sur le lourd investissement de la Kabylie pour démocratiser l’Algérie "en vain" avant que le tournant de tragique de 2001 ait mis en évidence "le comportement à la fois raciste et colonialiste de l’Etat algérien". Le président de l’Anavad dira également si en 2001, il y a eu 130 morts, la prochaine fois, dès que les conditions qui ont permis le massacre de 2001 seront réunies, ils vont en tuer 1300 et la prochaine fois ce sera 130 000…alors pour nous protéger de la violence de l’Etat algérien, il faut que nous ayons notre propre Etat".

Le président de l’Anavad dira également "qu’après avoir revendiqué le droit à l’autonomie et face à l’autisme de l’Etat algérien, nous sommes passés à l’autodétermination c’est notre droit absolu, le droit international nous l’accorde et nous entendons l’exercer un jour. Nous avons mis sur pied un Gouvernement provisoire kabyle, une carte d’identité kabyle, nous avons mis sur pied par voie démocratique le drapeau kabyle et nous mettrons sur pied une constitution kabyle avant d’interpeller les instance internationales pour un référundum d’autodétermination. En octobre prochain nous irons devant le siège de l’ONU pour lever le drapeau kabyle". Puis levant le drapeau kabyle face à l’assistance, Ferhat Mehenni dira "notre détermination est totale pour arracher notre droit à l’autodétermination de la Kabylie" sous un tonnerre d’applaudissements.

Puis ce fut au tour des autres invités d’intervenir à la tribune:

Moussa Ag Assarid, ancien représentant du défunt MNLA en Europe a exposé le drame de l’Azawad et la mise en échec de l’indépendance de l’Azawad par des forces extérieures à l’Azawad. Il a également évoqué les conflits qui ont fait plusieurs morts parmi les Touaregs du Niger et les Toubous, pareillement entraînés dans des luttes mortelles entres eux par des forces extérieures.

Yasmina Oubouzar, porte parole du MAK à l’étranger a transmis le message du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie. Celui-ci consistait essentiellement à appeler les peuples Amazighs à aller dans le sens de leur propre libération en batissant leurs propre Etats, à se défaire de la simple revendication culturaliste et à mettre en place une réelle coopération entre les peuples Amazighs. Le message du MAK a commencé par une ferme condamnation de la tragédie du Mzab, un soutien inconditionnel au peuple Mozabite et à son représentant Kameleddine Fekhar, victimes de la politique sauvage et coloniale de l’Etat algérien. Le MAK a également appelé le CMA à s’inscrire dans la logique des actuels bouleversements géopolitique et donc à soutenir et à accompagner la lutte des peuples Amazighs pour leur émancipation et leur libération.

Yella Houha qui a représenté le peuple Chaoui a tenu un discours très fort en faveur du peuple Chaoui. Il a exprimé le fait que pour être amazigh, il faut d’abord être chaoui, kabyle, touareg, rifain, chelhi etc… on est Amazigh parce que nous sommes issus de peuples Amazighs. En d’autres termes, être Amazigh ne peut pas être un simple slogan " je suis amazigh parce que je suis chaoui" dira-t-il. Il est à noter que l’intervention de Yella Houha a d’entrée de jeu été perturbée par les "protestations" d’un Amazigh de Tunisie qui lui a reproché d’avoir posé le drapeau Chaoui sur le drapeau Amazigh lorsqu’il est monté à la tribune. Yella Houha a ensuite longuement expliqué la nécessité de d’abord se reconnaître soi-même pour aspirer à être reconnu. En effet, on ne peut pas être amazigh si on n’est pas chaoui, mozabite, kabyle, rifain etc ! c’est parce qu’on est Chaoui qu’on est amazigh… Brandissant plusieurs fois le drapeau Chaoui, Yella Houha a affirmé avec force l’existence du peuple Chaoui.

Notons également que Yella Houha et Yasmina Oubouzar ont déploré l’absence du peuple Rifain de même que l’absence du drapeau du Rif, seul drapeau des peuples Amazighs disposant de leur propre drapeau à ne pas être au côté des drapeau kabyle, chaoui, azawadien, canarien rassemblés autour du drapeau fédéral amazigh.

Les deux autres journées du Congrès Mondial Amazigh ont été consacrés aux travaux du CMA, au renouvellement de ses instances et de ses statuts. Une rude bataille a été engagée pour la redéfinition de la représentation des peuples Amazighs qui ne se reconnaissent pas dans les dénominations des Bureaux Fédéraux répartis selon les Etats post coloniaux. Les kabyles en particulier ont fait savoir qu’ils refusaient désormais d’être représentés par un bureau fédéral Algérie et ont exigé que ce soient les peuples et non les Etats qui soient représentatifs au sein d CMA.

La proposition a rencontré une résistance acharnée de la part de certains anciens responsables du CMA mais selon nos dernières informations, l’idée a fini par êtres admises et les nouveaux statuts devraient entériner la décision défendue avec ténacité par les kabyles qui avaient l’appui des Mozabites et des Chaouis. Aux dernières nouvelles, au moment où nous mettons en ligne, les travaux du CMA en sont à l’élection du nouveau ou de la nouvelle présidente du Congrès Mondial amazigh.

La candidate de la Kabylie est Mme Kamira Nait Sid qui a de fortes chances d’être l’élue à la prochaine présidence du CMA. Si la tendance se confirme, la Kabylie aura encore une fois tracé la voie de la modernité, du progrès et de l’égalité.

zp,
SIWEL 261728 JUIL 15

Laisser un commentaire