Il était une fois un Général manipulateur, un Nain malsain et une Puce à lunettes…

CHRONIQUE (SIWEL) — Le Général manipulateur convoqua dans son bureau ses deux marionnettes et leur ordonna :
– Toi, ma saleté de Puce à lunettes, tu es chargée de la destruction de la culture…
Celle-ci acquiesça et répondit :
– Vous me voyez très honorée mon Général bien-aimé ! Seulement, j’ai un problème… je suis lesbienne et j’ai besoin d’une naine afin d’assouvir mes fantasmes sexuels…
– Ma saleté de Puce à lunettes, tes souhaits seront exaucés !

La Puce ajusta ses grosses lunettes et s’en alla en dodelinant de la tête.
Puis le Général manipulateur s’adressa à l’autre marionnette :
– Toi, mon maudit Nain malsain, tu es mon porte-parole du mensonge !

Celui-ci, tout émoustillé s’exclama d’une voix efféminée :
– Je suis très honoré, mon Général adoré, mais moi aussi j’ai un problème… je suis homosexuel et j’ai besoin d’un géant afin d’assouvir mes fantasmes sexuels…

Le Général manipulateur secoua la tête et se dit que décidément, dans ce pays, tout le monde avait un problème !
– Soit, mon maudit traître de Nain malsain, tes souhaits, à toi aussi, seront exaucés !

Heureux comme un gosse, le Nain malsain redressa ses moustaches balai-brosse et s’en alla à petits pas, promettant de remplir son contrat.
La Puce ajusta ses grosses lunettes, alluma une cigarette et débita ses sornettes :
– Moi, la Puce à lunettes, je suis désignée afin de satisfaire vos prétentions tant espérées. Venez, venez, venez, d’Orient comme d’Occident, avec ou sans partitions et vous aurez vos misérables portions. Parole de Puce, je réaliserai toutes vos ambitions.

Aussitôt le message s’étala, sur tous les fronts de la communication, adressé au monde si vaste de la chanson. Les artistes, se considérant confirmés, venaient de toutes les contrées, conscients de leurs succès depuis longtemps périmés, assoiffés de reconnaissance et d’être enfin aimés !

Le premier se présenta…
Il se prétendit le meilleur et suggéra ce qui ferait son bonheur, tout en surestimant sa supposée valeur. Il quémanda une médaille en chocolat et un méga concert au Canada. Il assura qu’à l’avenir il fermerait son clapet sur l’oppression de sa berbérité, qui soi-disant le révoltait, et satisfait de son effet, s’en alla acheter une BMW.

Le second se présenta…
– Moi, ancien émigré, me voilà enfin retraité. Il serait temps que je me remette à chanter. Je suis l’incarnation de l’ancienne vague moderne de la chanson ; je désire une sono plus une émission de radio…
Le rocker si longtemps refoulé entonna ses chansons dépassées de sa voix châtrée. Pour autant, il demeura frustré !

Ce fut au tour du plus grand sbire…
Il fit entendre sa voix, celle de son maître et prétendit être le plus grand artiste de tous les temps. Ses ancêtres lui avaient transmis leur talent. Il mendia une belle somme d’argent, en monnaie de singe, c’était plus prudent !
– Avec mon si haut rang, je ne pouvais faire autrement. Je suis désolé de me montrer si gourmand.

Ce fut au tour des gagne-petit, des paumés de tout poil, braillant leurs chansons tous à l’unisson, promettant d’animer le pays dans toutes ses régions. En échange, ils aspiraient juste à boire un verre de bière accompagné de tchekchouka. En supplément, quelques petits joints qu’ils finiraient discrètement dans un coin, sachant que c’était illicite. Une substance appréciée lorsqu’ils étaient en France, mais aujourd’hui madame la France, en crise, ne pouvait plus être aussi généreuse qu’auparavant. Redevenus patriotes, comme par enchantement, ils se sentaient le devoir de rentrer au bercail, bien gardé par le Général manipulateur, sauveur de la nation.

Sa tâche accomplie, la Puce à lunettes était plus que satisfaite. Elle se précipita et alla faire la fête…

Ce fut au tour du Nain malsain de mettre en œuvre ses desseins. Péniblement, il monta sur les planches afin de tenir sa revanche. D’une voix à moitié étouffée, exprimée dans une langue empruntée, le français, car la sienne il l’avait méprisée, il cracha son venin, celui d’un être malsain. Chargé d’une mission sacrée, assurait-il, il devait montrer le chemin aux générations de demain…

Clap… Clap… Clap… Clap !
La foule l’acclama debout et le Nain malsain enchaîna :
– Pour commencer, vous allez vous alimenter selon mes consignes et vos nouveaux nés porteront les prénoms de mon choix. Dans les mairies et préfectures est disponible le mode d’emploi…
Clap… Clap… Clap… Clap !
Les médias, acquis à sa cause, criaient au génie !

Le maudit Nain malsain gesticulait des deux mains en hurlant :
– À l’avenir, votre tenue vestimentaire sera réglementaire. Les hommes porteront babouches, gandoura et chéchia. Quant aux femmes, entre le niqab et le voile intégral, elles auront le choix. Pour celles désirant s’habiller à la dernière mode, je me chargerai de faire acheminer des conteneurs d’Arabie Saoudite et des pays du Proche-Orient…
Des youyous stridents s’élevèrent dans le ciel suivis d’un tonnerre d’applaudissements effrénés.
Clap… Clap… Clap… Clap !

Le Nain malsain exultait ! Il ajouta :
– Dès demain, sur tout le territoire national, la pudeur sera de mise, aucune partie du corps de la gent féminine, excepté la bouche et les yeux couverts d’une voilette noire, ne doit être visible sous peine de mort par lapidation !
Les réseaux de communication, de concert, allaient de louanges en éloges et qualifiaient le Nain malsain de nouveau messie !
Tous les chanteurs déclamèrent à l’unisson la même chanson et les hommes et les femmes se vêtirent d’une même façon.

En quelques jours le peuple algérien s’était métamorphosé. Tous vivaient selon les caprices du Nain malsain, le sexe féminin était devenu chèvre, le masculin, mouton. Ils étaient tous heureux, car enfin le pays avait retrouvé sa liberté et sa dignité.

Pour fêter l’événement, le Général manipulateur, les yeux cachés derrière ses lunettes noires, entouré du Nain malsain et de la Puce à lunettes, sillonnait rues et boulevards dans une grosse voiture blindée, aux vitres fumées, sous les : Clap… Clap… Clap… Clap !
Le Général manipulateur congédia ses serviteurs, alla se réfugier dans son bunker et satisfait du devoir accompli, rejoignit ses complices comploteurs.

Shamy Chemini,
co-fondateur du groupe Les Abranis, écrivain, réalisateur

SIWEL 221713 Aug 17 UTC

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