EL KSEUR (SIWEL) – Feue Katia Bengana, contrairement à la plupart des jeunes filles de Meftah, a préféré non seulement porter la robe kabyle mais aussi répéter dans son entourage que la couture kabyle n’avait rien à envier aux autres. La martyre savait à quoi elle s’exposait. En ce début de la décennie 1990, la mort pouvait frapper quiconque, en tout lieu et à tout moment.

 

Le 28 février 1994, les prometteurs de l’Eden éternel de l’au-delà et à la fois sanguinaires d’ici-bas signent une horreur à Meftah. Avec un fusil à canon scié, ils tirent froidement sur une jeune lycéenne. La victime s’appelle Katia Bengana. « Le crime de lèse-majesté » de la jeune fille, originaire d’El Kseur (Béjaia) est son refus de porter le nikab ou le tchador, ces habits ridicules que les adeptes de la chariaâ version nouvelle ont voulu imposer aux Algériennes.

Feue Katia Bengana, contrairement à la plupart des jeunes filles de Meftah, a préféré non seulement porter la robe kabyle mais aussi répéter dans son entourage que la couture kabyle n’avait rien à envier aux autres. La martyre savait à quoi elle s’exposait. En ce début de la décennie 1990, la mort pouvait frapper quiconque, en tout lieu et à tout moment.

Sur initiative citoyenne, un hommage digne de sa grandeur lui a été rendu.

En effet, Vingt après, jour pour jour, des citoyens kabyles, des artistes, la famille militante du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), à sa tête, Bouaziz Aït-Chebib, s’est joint à la famille de sang de la martyre pour honorer sa mémoire. Le regroupement a eu lieu au cimetière d’El-Kseur où repose à jamais Katia Bengana.

Aux côtés de la famille et des proches de la défunte, il y a avait aussi des militants et responsables du MAK, des personnalités du monde artistique et culturel à l’instar du chanteur Akli D, l’écrivain, poète et journaliste Halim Aknine alias Allas Di Tlelli. La cérémonie de recueillement s’est traduite par l’observation d’une minute de silence et la prise de parole.

Le premier à intervenir est le père de la martyre, Rachid Bengana. Le père, encore meurtri par la disparition de fille tant chérie, est revenu longuement sur certains aspects de la vie Katia et surtout les derniers jours avant son assassinat. « Elle savait qu’elle était menacée et tous les habitants de Meftah le savaient aussi », a-t-il témoigné. « Nonobstant la sérieuse menace qui pesait sur elle, elle a à plusieurs occasions rappelé à sa mère qu’aucune menace ne pouvait la faire reculer devant ses convictions », a ajouté le père, la gorge nouée. Le chanteur Akli D. a quant à lui suggéré que le prochain hommage à Katia soit traduit par l’organisation d’un gala.

Halim Aknine alias Allas Di Tlelli, un des initiateurs de cet hommage a déclaré: "Katia est pour moi un symbole grandiose qui m’impose beaucoup d’humilité. Il ne suffit pas de se recueillir sur sa tombe pour perpétuer son oeuvre militante mais nous avons le devoir de défendre les idéaux pour lesquels elle s’est sacrifiée. Le combat pour la démocratie et la laïcité est un combat de tous les jours car il s’agit de valeur sur lesquelles ont ne peut accepter aucune sorte de concession ni de compromis."

Mouloud Mébarki, président du conseil national du MAK a, en ce qui le concerne, suggéré l’érection d’une stèle à la mémoire de Katia. Quant à lui, Bouaziz Aït-Chebib a longuement mis en avant les aspirations et le combat de la martyre. Le président du MAK a souligné que les idéaux de Katia Bengana sont repris et défendus par des millions de personnes. Le numéro un du MAK a qualifié la défunte de « l’exemple de résistance et la lutte pour la liberté et la dignité ». « Aujourd’hui, ajoute-t-il, nous devons faire le serment de continuer le combat de Katia ».
La dernière personne à prendre la parole à cette occasion est Mlle Nadia Reggad. Son intervention a consisté à lire à la mémoire de la défunte un poème paru le 29 février I994, soit au lendemain de son assassinat, et composé par Belkacem Rouache, journaliste, écrivain, scénariste et poète. Lors de la lecture en français de ce poème de plusieurs strophes et intitulé « Quand Dieu créa la femme », le père de Katia ne pouvait pas retenir ses larmes. D’ailleurs, il n’essaya pas de les cacher.

Notons en fin le message transmis pour l’occasion par Malika Domrane qui n’avait pas pu être.

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