LE CAIRE (SIWEL) — Au moment où les Coptes d’Egypte enterrent leurs morts après les violences de dimanche, des membres du gouvernement civil provisoire ont présenté leur démission, mais rien ne semble atténuer la colère qui s’est propagée au-delà de la communauté chrétienne visant les dirigeants militaires du pays.

 

Egypte : la colère contre les dirigeants militaires s'accentue
Le Vice-Premier ministre Hazem El-Beblawi a présent sa démission pour protester contre la gestion par l’armée des violences de dimanche, les pires depuis le soulèvement populaire ayant abouti au renversement du régime de Hosni Moubarak au début de l’année. Il n’est pas encore clair si la démission a été acceptée.

Plusieurs critiques visant le gouvernement civil provisoire se sont faites entendre. Le président du parti d’opposition Wafd, Sayyid Badawi, affirme que le gouvernement provisoire a été largement inefficace. Il soutient que le gouvernement actuel a été incapable de résoudre de nombreux problèmes. Il est exigeant qu’il soit remplacé par ce qu’il appelle un « gouvernement de salut national ».

Mais pour de nombreux manifestants anti-gouvernement, ces politiciens « à court terme » n’y sont pour rien. Le vrai leadership, affirment-ils, demeure le Conseil suprême des Forces armées. Et ils veulent son départ.

Les manifestants coptes dénoncent le chef militaire, Mohammed Hussein Tantawi, par des termes non équivoques : « Achâab yourid chanq al marishal » (Le peuple veut pendre le maréchal).

Le changement est frappant par rapport aux slogans de la révolution populaire qui a vu les manifestants scander « le peuple et l’armée ne font qu’un ». Aujourd’hui, les Egyptiens semblent en colère, méfiants et surpris, après qu’une manifestation initialement pacifique dimanche dernier a tourné à la violence, laissant 26 morts.

Le père de l’église copte, le pape Shenouda, a appelé à un jeûne de trois jours pour pleurer les victimes, toutes chrétiennes.

Les dirigeants militaires ont été très lents à adopter les réformes promises. La plupart ont connu un début d’application seulement après que des protestations intenses ou des émeutes ont eu lieu. Les Coptes, par exemple, ont demandé des modifications aux lois religieuses qui empêchent la construction d’églises et ne reconnaissent pas la conversion des musulmans au christianisme. C’est seulement après les violences de dimanche que l’autorité militaire a déclaré qu’elle examinera les revendications des Coptes « plus rapidement ».

Hala Moustafa, rédacteur en chef du magazine Démocratie au Caire, pense que les dirigeants militaires sont de nature « têtue et conservatrice ». « C’est l’héritage du passé, ils ont eu la même politique depuis les 30 dernières années et je pense que certains vieux militaires agissent toujours de la même façon, comme si rien ne s’était passé, comme si une révolution ne vient pas d’avoir lieu », déclare-t-il à Siwel.

Cependant, l’une des rares choses que les nouveaux dirigeants de l’Egypte ont changé au cours des huit derniers mois fut de mettre fin à la répression des groupes islamistes, les plus extrêmes qui viennent de lancer des attaques sur la minorité chrétienne. Et c’est sur la base de ce changement que Moustafa estime que les militaires devraient répondre aux revendications des Coptes.

« C’est la chose la plus importante afin d’améliorer et d’imposer le concept de citoyenneté sans aucune discrimination. Je pense donc que c’est quelque chose qui devrait être adopté, sinon les tensions sectaires se poursuivront », ajoute-t-il.

Peu importe le temps que le transfert vers un véritable régime civil prendra- les dates des élections ont été maintes fois repoussées – Moustafa avertit des conséquences de l’inégalité en matière de religion. La plupart des confrontations qui ont eu lieu dans la région, note-t-il, ont pour cause ce type de discrimination.

bbi
SIWEL 112247 OCT 11

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