DES OPPOSANTS À L’EXPLOITATION DES CARRIÈRES DE TUF D’IMⴽIREN (M’KIRA) CONVOQUÉS PAR LA GENDARMERIE COLONIALE

IMⴽIREN (SIWEL) — Une dizaine de jeunes, relevant des localités Mahnouche, Taremant et Ait Louli, villages d’IMⴽIREN (M’Kira), une commune sise à l’extrême Ouest de la préfecture de Tizi-Wezzu, ont été convoqués, le lundi dernier, par la gendarmerie coloniale de Tizi Gheniff, pour avoir exprimé leur opposition à l’exploitation des carrières de tuf.

Ces jeunes qui ont pris part aux protestations pacifiques qui remontent à 2018 ont été longuement interrogés par la gendarmerie, selon la même source. « On était surpris par la nature des accusations. Les gendarmes nous ont interrogés longuement sur les sit-in tenus début 2018 à l’endroit même où se trouvent les carrières. On nous a demandé qui a appelé à l’action et pourquoi nous y avons participé. Moi je leur ai dit que ces carrières de tuf étaient exploitées anarchiquement et il est de notre devoir de dénoncer cela et de protéger notre environnement. Nous ne gagnons que de la poussière », avait dit l’une des personnes convoquées.

Suite à ces convocations, de nombreux villageois se sont déplacés à la brigade de gendarmerie coloniale où ils ont observé un rassemblement à travers lequel ils ont tenu à exprimer leur solidarité avec leurs concitoyens et dénoncer le harcèlement judiciaire dont ils font objet depuis maintenant trois ans. « Ce n’est pas la première fois que les gendarmes convoquent des jeunes de nos villages pour des faits garantis par la loi. En plus, nos actions de protestation ont eu lieu après l’épuisement de toutes les voies de recours. Nous avions alerté toutes les autorités, mais aucun n’a réagi pour stopper le massacre. Même les gendarmes étaient au courant du problème. Ils ne sont jamais intervenus », témoigne un citoyen.

Cette affaire, selon un des protestataires, a failli tourner au drame en 2018, « un citoyen du village a échappé in extremis à une tentative d’assassinat par balle. Il a été pris pour cible par un individu après avoir protesté avec d’autres habitants contre les carrières de tuf. L’auteur présumé de cet acte n’est pas encore jugé », affirme l’un des protestataires. Certains exploitants des carrières, soutenus par un ex-élu à l’APC et d’autres parties aux intérêts occultes, exploitent toutes les issues possibles, pour reprendre leur business, selon les villageois.

Youva Amazigh
SIWEL 211000 JAN 21