KABYLIE (SIWEL) — A la lumière de l’analyse de la situation politique qui prévaut en Kabylie, le Comité Exécutif du MAK a pris plusieurs décision dont celle de  » De réfléchir à la mise en place de procédés alternatifs en mesure de contrer l’œuvre destructrice de l’Etat algérien en Kabylie. Le système éducatif nous semble être une priorité absolue dans la mesure où il devient urgent d’extraire les enfants kabyles au « formatage » macabre de l’école algérienne. A ce sujet, un séminaire sur le futur système éducatif kabyle sera organisé dans les jours à venir sous la direction de Mr Idir Oulounis (Idir Louani), secrétaire national à l’éducation. D’autres initiatives du même ordre seront rendues publiques au fur et à mesure. » Ci-après l’intégralité de la déclaration du Comité exécutif du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie.

 

AFRANIMAN I TMURT N IQVAYLIYEN

MOUVEMENT POUR AUTODÉTERMINATION DE LA KABYLIE

M.A.K

Déclaration du Comité Exécutif du MAK

Le Comité Exécutif du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie s’est réuni le 31/01/2015 sous la direction de son président, Mas Bouaziz Ait-Chebib. Le Comité Exécutif a eu à faire le point sur la situation qui prévaut en Kabylie sur plusieurs points.

I/ Marches de Yennayer :

Le Comité Exécutif félicite le peuple kabyle pour avoir démontré à quel point il reste viscéralement attaché à son identité en réussissant deux belles marches à Tizi Ouzou et Vgayet le 12 janvier. La formidable mobilisation de Yennayer est le résultat du travail de fourmis de nos militants dont la détermination et l’engagement exemplaires ont incité le peuple kabyle à répondre favorablement à l’appel du Mouvement. Nos militants ont prouvé encore une fois, que la volonté et la détermination sont des atouts majeurs, donnant encore une fois raison à l’adage populaire qui dit que « quand on veut on peut ». Cette jeunesse qui est le moteur de notre mouvement est à féliciter et la Kabylie, portée par cette belle jeunesse, peut être fière de leur engagement, de leur maturité et leur courage politique.

Le peuple kabyle a quant à lui retenu les leçons du passé. Malgré un boycott médiatique généralisé, malgré les campagnes de diffamation orchestrées par les divers organes de propagande de l’Etat algérien, soit par le biais de sa presse arabophone, soit par les éléments de sa police politique qui pullulent sur les réseaux sociaux, le peuple kabyle ne peut plus être dupé.

La Kabylie, notamment à travers sa jeunesse, a répondu « présente » à l’appel du MAK car le peuple kabyle n’est plus enclin à « gober » les discours folklorisant, ni ceux qui se servent de « Tamazight » à des fins de gestion de carrière. Ce temps-là est désormais révolu, « tikkelt kan i tett3eday ghef uccen » dit le proverbe kabyle. Aujourd’hui, la confiance est mise à l’épreuve et le peuple kabyle n’accorde plus sa confiance à qui parle de la Kabylie à Tizi-Ouzou, Vgayet ou Tuvirett et de la Oumma à Alger, à qui s’exprime en kabyle en Kabylie et s’exprime avec zèle en arabe à Alger. Aujourd’hui, le peuple kabyle exige que les actes soient conformes au discours. Sachant parfaitement distinguer le bon grain de l’ivraie, les kabyles ont vu sur le terrain qui défend les intérêts de la Kabylie en luttant pour l’instauration d’un Etat kabyle, seul à même d’assurer sa sécurité et qui se sert de la Kabylie pour assurer sa propre carrière.

II/ Situation politique :

Le constat alarmant de l’amplification et l’accélération de la politique d’arabisation et de salafisation en Kabylie inquiète le MAK qui estime urgent de trouver les moyens de contrecarrer cette entreprise diabolique. Au lieu de projets de développement, de clinique sanitaire, de lieux de culture, de bibliothèques … l’Etat algérien investit en Kabylie dans une multitude d’instituts islamiques, de mosquées gigantesques, et en surnombre. Le but est évidemment de tarir les sources de savoir, d’ouverture sur le monde et d’épanouissement mais aussi d’étouffer les petites mosquées de Kabylie qui, elles seules, jouaient un rôle de spiritualité. Les mosquées que l’Etat algérien fait construire dans chaque petit village vise à supplanter la spiritualité par l’activisme politique religieux à travers des imams salafistes envoyés en mission dans les villages dans le but de dépersonnaliser le peuple kabyle.

Par ailleurs, l’Etat algérien œuvre à organiser un « mixage ethnique » en Kabylie par la délocalisation des terroristes repentis et autres anciens détenus islamistes qu’il installe en Kabylie pour « finir le travail » entrepris par l’école algérienne depuis « l’arabisation ». C’est ainsi que, paradoxalement, seule la Kabylie peut organiser un déjeuner public en plein ramadan pour dénoncer l’inquisition islamiste et dans le même temps ,avoir dans ses université des islamistes (sic) qui « menaceraient » les (vrais) étudiants kabyles qui organisent une conférence à l’université de Tizi-Ouzou sur la laïcité ! Cette situation absurde montre bien combien la Kabylie est l’enjeu d’un intense « investissement » de l’Etat algérien qui y déploie tout son machiavélisme afin de faire passer la Kabylie pour un territoire islamiste.

En effet, la Kabylie n’offre-t-elle pas l’image paradoxale d’un territoire où sont stationnées des troupes militaires en surnombre, alors que sur le plan sécuritaire, elle cumule les kidnappings et autres entreprises terroristes, y compris l’enlèvement et l’exécution d’étrangers, alors-même qu’il est impossible de faire 500 mètres sans passer par trois barrages militaires.

L’investissement algérien en Kabylie se résume au « développement » du terrorisme et de l’insécurité ainsi qu’à la propagation du salafisme. En dehors de ces fléaux, aucune sorte d’investissements bénéfiques n’est enregistrée en pays kabyle. Ni les infrastructures de base tel que le gaz, l’eau, les routes, les dispensaires, ne font partie des priorités algériennes en Kabylie.

La révolte du peuple kabyle est constante et ne cesse de s’amplifier. Il ne se passe pas un jour sans que l’on enregistre des actions de protestation dans différentes localités. La présence des pouvoirs publics algériens, censée protéger la population et assurer son bien-être, ne se manifeste que par la répression des contestataires qui expriment leur ras-le-bol devant l’insécurité, les bavures et provocations militaires ainsi que la misère socio-économique qui atteint son paroxysme. Le terrorisme sécuritaire et bureaucratique, la pression fiscale et la faillite de l’appareil bancaire sont les mécanismes mis en œuvre par l’Algérie pour anéantir l’économie en Kabylie, affamer son peuple et réduire ainsi à néant sa capacité de résistance à la politique de dépersonnalisation en vue de la faire disparaître définitivement.

La contestation sociale ne cesse de se généraliser et dénote à quel point le Peuple Kabyle rejette la politique coloniale incarnée par Bouteflika, comme elle le fut par ses prédécesseurs. Le MAK apporte son soutien inconditionnel à tous les mouvements de contestations sociales en Kabylie car sans la prise en main de son destin, le peuple kabyle sera condamné à subir la politique discriminatoire, raciste et criminelle digne des pires colonialismes.

Devant le vaste projet d’implantation de brigades de gendarmerie, les collectivités locales ont brillé par un silence que nous jugeons coupable car « qui ne dit mot consent ». Partant de ce constat, il va de soi que ceux et celles qui occupent des mandats communaux et départementaux ne sont que des commis de l’Etat algérien. A ce propos, le comité exécutif du MAK appelle les « élus » de Kabylie à faire preuve de bonne foi et donc à démissionner afin de retirer « leur caution démocratique » à un Etat colonisateur, raciste, ségrégationnisme qui pratique en Kabylie une politique criminelle.

Le MAK, conscient que toute participation à la politique algérienne légale, constitue une caution gravissime à la programmation méthodique de la liquidation pure et simple de la Kabylie, ne brigue aucun mandat électoral. C’est de là qu’il détient sa légitimité populaire et c’est ce qui lui permet d’accompagne sur le terrain la mobilisation du peuple kabyle pour exiger la démilitarisation de la Kabylie, inutilement surchargée de soldats algériens pour un résultat nul ou plus exactement négatif ! La sécurité de la Kabylie et la mise en échec du terrorisme islamiste ont été brillamment assurés par les kabyles eux-mêmes, tandis que le déploiement de milliers de militaires algériens n’a fait qu’accroître le terrorisme islamiste et l’insécurité par conséquent, les conclusions s’imposent d’elles-mêmes.

Abordant la question de « la gestion du terrorisme » par l’Etat algérien, le 14 janvier, soit une semaine après les attentats en France perpétrés par des islamistes, l’armée algérienne a curieusement relancé les fouilles pour enfin retrouver la dépouille d’Hervé Gourdel, après trois mois de recherches jusque-là infructueuses. Cette étrange « coïncidence » prouve encore une fois l’implication des services algériens dans le « bisness » du terrorisme. En exhumant, à ce moment précis, le corps et l’affaire Gourdel, l’Etat algérien qui par ailleurs glorifie les terroristes du GIA et de l’AIS, recyclés en repentis que les plus hautes autorités algériennes consultent pour édifier une nouvelle constitution, cherche à tromper l’opinion internationale encore choquée par les attentats de Paris en leur montrant qu’il mène une lutte implacable contre le terrorisme. Par la même occasion, il tente de désigner la Kabylie comme fief du terrorisme islamiste. Espérant ainsi couper tout élan de sympathie internationale envers la cause kabyle et discréditer la lutte qu’il mène depuis toujours contre le terrorisme islamiste et l’idéologie qui le porte. Or, il se trouve que c’est justement cette idéologie qui assure à l’Etat algérien son plus puissant instrument de maintien au pouvoir et de gouvernance.

La mobilisation et les marches survenues en Algérie au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo sont à ce propos édifiants. Ainsi, alors-même que les manifestations publiques sont prétendument interdites à Alger depuis le printemps noir de Kabylie et la marche historique du peuple kabyle le 14 juin 2001, les maitres à penser du terrorisme islamiste ont eu tout le loisir de déferler dans les rues d’Alger et dans d’autres villes tel que Constantine, pour soutenir les terroristes qui ont perpétré le carnage de Charlie Hebdo, des policiers et des avocats algériens y ont même participé. Ce qui indique clairement que le terrorisme islamiste est parfaitement représentatif de l’Etat algérien.

Le fait que la Kabylie ait été encore une fois à l’opposé du sentiment « national algérien », nous renseignent encore une fois sur le fossé culturel, identitaire et idéologique qui sépare la Kabylie du « reste de l’Algérie », victime d’un véritable lavage de cerveau à travers l’école arabo-islamique. Il convient de préciser que si la Kabylie a réussi à ne pas sombrer dans ce fanatisme destructeur pour les populations qui en sont victimes, c’est parce qu’elle est restée viscéralement attachée à son identité, à sa culture, à ses valeurs ancestrales et qu’elle refuse obstinément le "suicide arabo-islamiste".

En participant à la marche républicaine à Paris à travers le Gouvernement Provisoire Kabyle, en rendant hommage aux victimes et en réaffirmant le soutien à la liberté d’expression lors des marches de Yennayer, la Kabylie ne fait que réaffirmer son attachement à ses propres valeurs séculaires incarnées par le respect d’autrui, le respect de la liberté de culte et de conscience, la tolérance, et la solidarité avec tous les opprimés.

La Kabylie a toujours refusé de se fondre dans le moule arabo-islamique et refuse, à ce jour, de se dissoudre dans un magma idéologique qui incarne la négation de ce qu’elle a toujours été. La Kabylie, désignée depuis toujours par l’appellation de « Tamurt n Leqvayel », constitue le pays des kabyles, un pays à part entière et non une région dans un autre pays, et encore moins une province dans un vaste empire arabo-islamique.

« Tamurt n Leqvayel » incarne bel et bien l’existence de la nation kabyle, qui a perdu sa souveraineté sous l’occupation française, après la défaite de 1857 face aux armées françaises du général Randon, avant de la perdre une nouvelle fois en 1963, face à l’armée des frontières du « colonel » Boumediene, après 7 ans de guerre contre le colonialisme français auquel allait succéder le colonialisme arabo-islamique. Pour le commun des kabyles, la guerre de 1963, sous la chapelle du FFS, était la guerre de la Kabylie contre le négationnisme arabo-islamique, contre l’usurpation et la confiscation d’une indépendance arrachés au prix d’un lourd sacrifice.

La Kabylie a été trahie, dans sa chaire et dans son sang. Depuis, faute de pouvoir l’assimiler, la Kabylie ne cesse de faire l’objet de projets macabres, visant à sa destruction totale.

Le pays kabyle, Tamurt n leqvayel, qui correspondant dans la terminologie actuelle à la Nation Kabyle, a toujours existé. Le MAK n’a rien inventé, mais il a cependant le mérite d’avoir « dépoussiéré » le concept, formalisé et conceptualisé le discours national kabyle et surtout d’avoir cassé l’énorme tabou du mythe de l’unité nationale algérienne, basé comme nous l’avons appris à nos dépends sur la négation de la Kabylie. Le MAK a ravivé l’affirmation publique du peuple kabyle, conformément à son histoire, à sa langue, à sa culture et à son identité.

La Kabylie libre avance, doucement mais surement, n’en déplaise à ses ennemis qui cherchent à l’asservir, avant de l’anéantir. Les détracteurs du MAK ne disposent d’aucun argument sérieux dans la mesure où le MAK ne brigue aucun pouvoir. Il mène un combat certes difficile mais l’adhésion grandissante du peuple kabyle et la confiance dont le mouvement jouit, constitue la plus belle des récompenses. Le discours du MAK est celui de la vérité et de la lucidité ! Seule la vérité crue, telle que les kabyles la vivent concrètement, peut nous sauver du mensonge suicidaire de la fausse nation algérienne !

Les kabyles en ont marre qu’on leur raconte des fadaises sur une unité qui ne se construit que sur la négation de la Kabylie : on ne peut pas être kabyle et en même temps arabe, on ne peut pas être africain et en même temps oriental. Comme l’a si précisé le président du Gouvernement provisoire kabyle, Ferhat Mehenni, en s’adressant aux kabyles algérianistes : « Vous ne pouvez pas sauver l’Algérie sans tuer la Kabylie ! Et nous, nous avons fait notre choix ! Il est clair net et précis : nous avons choisi la Kabylie ! ».

Quant à l’Etat algérien, lui aussi a fait son choix, depuis bien plus longtemps que les kabyles, qui dans leur naïveté et leur sincérité croyaient pouvoir construire un pays pluriel, ouvert et tolérant. La suite leur prouva que l’arabo-islamisme n’est compatible ni avec la pluralité, ni avec la tolérance ni avec l’ouverture sur le monde. L’arabo-islamisme n’est compatible avec rien d’autre qu’avec lui-même, à l’exclusion, y compris par la liquidation physique, de toute voix discordante. Les exemples en la matière sont d’une telle actualité que le nier relèverait d’une « mauvaise foi » évidente, pour ne pas dire d’une « complicité » évidente.

Et justement, à propos du ségrégationnisme arabo-islamique incarné par l’Etat algérien, le MAK tient à dénoncer l’empêchement par les autorités algériennes du déplacement du Rapporteur Spécial de l’ONU qui devait visiter l’université de Vgayet (Bédjaia) et y rencontrer les enseignants et les étudiants de la langue amazighe. Le procédé en dit long sur « les avancées » de la langue devenue « nationale » suite au massacre de 128 kabyles au cours du printemps noir de Kabylie

III/ résolutions :

A la lumière de l’analyse de la situation politique qui prévaut en Kabylie, le Comité Exécutif du MAK a donc décidé :

1- De rester fidèle aux résolutions du deuxième congrès du MAK : Le comité exécutif appelle le peuple kabyle à rejeter massivement la mascarade constitutionnelle que prépare le régime raciste d’Alger. La Kabylie aspire à sa propre constitution dans le cadre d’un Etat kabyle démocratique, laïque et social. Il n’est pas question pour la Kabylie de recycler l’arabo-islamisme, ni encore moins son pendant terroriste. Que l’Etat algérien élabore sa constitution avec le terroriste Madani Mezrag et ses semblables. Par conséquent, le MAK appelle les organisations politiques kabyles à avoir un sursaut d’honneur et à cesser de cautionner l’innommable. Ils seront comptables, devant le peuple kabyle et devant l’histoire.

2- D’appeler la nation kabyle à célébrer le 20 avril qui commémore de double printemps amazigh de 1980 et le tragique printemps noir de 2001 à travers des marches populaires à Tuvirett, Vgayet et Tizi Wezzu. Cette année, la mobilisation du peuple kabyle doit être monumentale pour amorcer un nouveau virage dans sa lutte libératrice et mettre en échec le projet macabre de liquidation de la Kabylie !

3- De réfléchir à la mise en place de procédés alternatifs en mesure de contrer l’œuvre destructrice de l’Etat algérien en Kabylie. Le système éducatif nous semble être une priorité absolue dans la mesure où il devient urgent d’extraire les enfants kabyles au « formatage » macabre de l’école algérienne. A ce sujet, un séminaire sur le futur système éducatif kabyle sera organisé dans les jours à venir sous la direction de Mr Idir Oulounis (Idir Louani), secrétaire national à l’éducation. D’autres initiatives du même ordre seront rendues publiques au fur et à mesure.

Enfin, le Comité Exécutif du MAK a dédié sa réunion à la mémoire de trois grands hommes kabyles : Slimane Azem à l’occasion de la commémoration du 32 ème anniversaire de sa disparition, Salem Ould Slimane, et Bahbouh Lahsen, décédés le mois de janvier écoulé.

Bouaziz Ait Chebib, Président

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