DECLARATION DES CINQ PRISONNIERS D’OPINION KABYLES CONTRE LE SOUTIEN DU MAROC AU DROIT A L’AUTODETERMINATION DE LA KABYLIE : LES DESSOUS DE L’AFFAIRE

KABYLIE (SIWEL) – Personne ne s’attendait à ce que des acteurs politiques kabyles, récemment emprisonnés pour leurs engagements et leurs opinions, sortent une déclaration depuis la prison pour soutenir, indirectement, ceux-là mêmes qui sont leurs geôliers, les généraux algériens, en dénonçant le récent soutien de la diplomatie marocaine au droit à l’autodétermination du peuple kabyle, devant les Pays Non-Alignés, aux Nations Unies.

En bons Kabyles, et en bons tacticiens politiques, pour mettre la pression sur le régime militaire qui a décidé de les incarcérer au moment où il libère des milliers de criminels de sang, de voleurs et délinquants en tous genres, tout le monde s’attendait à ce que leur réflexe naturel soit celui d’applaudir l’initiative du Maroc. C’était la seule façon de se faire entendre et d’obtenir la fin de leur arbitraire et scandaleuse incarcération. Eh bien, non !!! Ils ont préféré prêter main-forte à leurs tortionnaires et dénoncer leurs frères du combat indépendantiste kabyle auxquels certains d’entre eux étaient acquis de longue date. Que s’est-il passé ? Nous sommes en droit de nous le demander.

D’abord, nombre d’observateurs et d’acteurs politiques avertis, ont émis des doutes sur l’authenticité du texte. Un prisonnier ne sait jamais ce qui s’écrit en son nom. Il n’a, normalement, aucun accès à la presse. Pour préserver leur intégrité morale et leur honneur, ce doute est à épaissir. Rares sont ceux qui croient que des prisonniers sous pression puissent avoir la latitude d’exprimer une opinion politique promue à grands renforts médiatiques par le régime militaire algérien. Ce n’est qu’une fois qu’ils seront libérés qu’ils auront tout le loisir de s’exprimer sur un sujet qui ne les concerne en aucune façon. Nous sommes devant le baise-main fait à des généraux censés être leurs bourreaux.

En fait, au départ leur arrestation était décidée comme une prise d’otages, un moyen de chantage contre tous les militants kabyles et ce, dès que le régime algérien avait appris la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les USA. Il savait dès lors que la Kabylie allait bénéficier du soutien officiel du Maroc et des Etats-Unis au droit à l’autodétermination du peuple kabyle. Tant que ce soutien ne dépassait pas le cadre formel, il n’y avait pas le feu en la demeure ; il était là depuis septembre 2015, mais les conditions géopolitiques n’étaient pas encore réunies pour lui permettre le retentissement qu’il a aujourd’hui.

C’était donc, en prévision de cette tournure des événements que les laboratoires des services algériens avaient préconisé et obtenu l’arrestation de ces cinq cadres kabyles. Ensuite, il avait libéré 13000 détenus de droit commun pour les envoyer marcher en Kabylie, le vendredi 23 juillet 2021 pour dénoncer la déclaration marocaine. Il voulait faire croire à l’opinion internationale que les Kabyles étaient contre leur propre libération nationale. La vigilance du MAK et de l’Anavad a fait échouer la manœuvre et la marche n’a pas eu lieu.

La deuxième étape prévue était cette déclaration à arracher coute que coute à ces prisonniers pour anéantir cette reconnaissance du droit de la Kabylie à l’autodétermination par le Maroc.
Il y a donc cinq jours que le Procureur Général de Tizi-ouzou avaient reçu deux de ces prisonniers politiques dans son bureau pour, en présence de parties étrangères à leur dossier, pour négocier cette dénonciation incongrue.

Le texte initial n’était ni aussi virulent envers le Maroc, ni aussi tranché en faveur du régime algérien. C’est de l’extérieur de la prison qu’un certain scribe, réputé proche des prisonniers mais dont le nom sera tu pour le moment, s’est permis de modifier la teneur du point numéro trois pour dénoncer ouvertement le Maroc.

Comme tout le monde n’a pas cru une seconde que cette sortie soit celle des détenus politiques kabyles, la prochaine étape serait, telle que prévue, de confirmer l’authenticité dudit document par une vidéo. Le pouvoir veut les humilier et les jeter à la poubelle de l’opinion publique kabyle, tels des renégats. Ce serait comme avec la fameuse et récente affaire Dahdouh, le pauvre délinquant exhibé par le ministère de la Défense algérien à partir du 27/04/2021, affirmant sans convaincre personne avoir vendu des armes aux militants du MAK (sic). Ce Dahdouh aurait été tué juste après par les services pour emporter avec lui dans sa tombe le secret d’aveux extorqués sous contrainte.

Gardons-nous donc de blâmer des prisonniers auxquels on arrache sous chantage d’indignes déclarations contre leur propre peuple.

SIWEL 271555 JUIL 21