De la haine de soi. Chronique d’Ukkim A. T.

CHRONIQUE (SIWEL) — Entre un Kabyle inoxydable, de rang social modeste, et un Kabyle captieux de  » haut rang, » connu, célèbre, parfois adulé, nous sommes en droit de nous interroger sur le fonctionnement des neurones de l’un et de l’autre.
La damnation qui nous frappe depuis si longtemps nous donne à penser que plus nous prenons conscience de nos malheurs, plus  » la fine fleur kabyle  » s’en moque et se délecte du sort qui nous est imposé par les occupants hillaliens avilissants, avec lesquels ils ont tissés des liens honteux et déshonorants. Mais, peut-on déshonorer quelqu’un qui n’a aucune once de dignité ?

De l’homme politique à l’homme de culture, en passant par le cadre supérieur, l’homme d’affaires et autres têtes d’affiche connues ; la question qui brûle les lèvres est : Comment se comporter tel un ennemi de soi-même ?
Naturellement, les plus regardés et les plus vus sont les hommes politiques et les artistes, ces derniers qui font l’inverse de ce qu’ils déclinent dans leurs chants.
Puisque nous indépendantistes, nous  » vociférons  » selon leur déduction, je me permets, à titre personnel, de continuer à  » brailler  » juste pour leur dire que cette maladie de la haine de soi ne nous a jamais approchés, et que nous sommes immunisés contre elle !

Que peut-il se passer dans la tête d’un politique ou d’un artiste de  » rang élevé  » qui continue à faire comme si de rien n’était après l’assassinat, par les nouveaux occupants, de 128 jeunes et adolescents kabyles ?
Ajoutons à cela certains assassinats  » impromptus  » de simples citoyens et citoyennes kabyles, de 2001 à nos jours, et l’on tirera l’enseignement selon lequel la haine que nous voue le hillalien s’est transformée en mépris et discrimination de sa propre personne pour ces  » éclairés. » Ont-ils plus d’imagination, de savoir et d’intelligence que le grand KATEB YASIN qui a clamé haut et fort que l’indépendance de l’Algérie est un transfert de colonialisme ?

Sont-ils à ce point dans une profonde schizophrénie, ou ont-ils une une pierre à la place du cœur ? Comme on dit en bon kabyle ! Ulawen nnsen d iẓṛa naɣ dacu-ten ? Devant tous les malheurs et les désastres que la Kabylie a subis depuis 1962, ces personnages s’affichent, fièrement, toute honte bue, avec ceux qui n’ont de but que notre anéantissement total et définitif.
Entre ceux qui se sont reniés et  » les figures kabyles  » qui les congratulent, nous en sommes à nous demander quel est le sens de ces attitudes, de ces comportements aussi ridicules, aussi absurdes, aussi abjects, aussi lâches ?

On dit qu’en temps de paix c’est les enfants qui enterrent les parents, et qu’en temps de guerre c’est les parents qui enterrent les enfants. Nous nous étranglons à répéter que notre mouvement est d’essence pacifique et pacifiste ; nous nous apercevons que ces inféodés au système mortifère nous qualifient d’aventuriers et d’inconscients en puissance…

Ces aliénés, de l’âge de pierre, insensés et insouciants, qui ont troqué leur honneur, à supposer qu’ils en ait un, contre des avantages bassement matériels, ont fait preuve d’une d’une petitesse jamais égalée.
Comment, si non, peut-on se dresser contre soi-même, s’exécrer et s’auto-détruire ?
Quel est ce cataclysme qui vous a poussés à vous rabaisser, à vous abolir, à vous écrabouiller, à vous écrouler, à vous affaisser, à vous aplatir, à vous briser, à vous écraser, à vous abattre et à vous annihiler devant ceux qui vous sourient, et qui se sont jurés de mettre fin à vos racines et à votre identité kabyle millénaire ?
Ayez le courage de répondre à cette question puisque vous avez celui de vous soumettre à ceux-là mêmes qui vous ont, viscéralement, en horreur.
On peut ne pas aimer les siens, mais comment peut-on avoir la haine de soi ?
Chiche, répondez !

Ukkim A.T.

SIWEL 201500 MAR 18