RIF (SIWEL) — Les grandes régions amazighes du nord d’Afrique vivent actuellement des conditions très dures marquées par la marginalisation et l’ignorance, sous les régimes totalitaires et dictatures arabes, alors les peuples amazighs sentent qu’ils sont des étrangers dans leurs propres pays natals. Dans cet article nous parlons du Rif, une région amazighe qui a besoin d’un projet politique de libération clair. La libération de cette région serait un exemple pour toutes les régions du nord de l’Afrique (surtout La Kabylie qui a déja lancé son projet d’autonomie). La construction d’un Etat amazighe dans le nord de l’Afrique serait un bénéfice important pour tous les peuples amazighs de Tamazgha.

 

CONTRIBUTION / Pour une autre vision politique pour les zones amazighes du nord d'Afrique : L'exemple du Rif
Par : Fikri El Azrak

Les changements actuels et l’opportunité de l’indépendance des peuples

Pour changer le statut-quo, nous avons vu plusieurs projets, soit celui de quelques composantes du mouvement amazighe qui ont lancé leur libération identitaire avant de construire un système de gouvernance ou celui de l’autonomie pour des régions du nord de l’Afrique. Ce projet a été posé par les Kabyles et les Rifains après, mais nous ne sommes toujours pas arrivé aux objectifs principaux des peuples amazighs du nord de l’Afrique en raison de plusieurs obstacles et difficultés.

D’autre part, les dernières mobilisations populaires dans les pays du sud de la méditerranée, et les changements politiques actuels aux niveaux des grandes puissances mondiales, nous donnent une opportunité unique pour lancer nos projets politiques de libération (l’indépendance), surtout que ces changement sont appliqués sur l’espace euro-méditerranéenne depuis la révolte des peuples du sud depuis 2011 contre les régimes totalitaires. Ces changements touchent la scène politique (conduit à la démocratie) et sociales (conflits entre les islamistes et les sécularistes). Ces conflits viennent en titre des grands changements au niveau de la carte politiques des pays du sud de la méditerraneé, surtout après l’échec de plusieurs systèmes de gouvernances dans la gestion politique et économique dans cette zone (tyranniques, totalitaires et islamistes).

Les changements au niveau de la carte politique sont devenus une obligation pour libérer les peuples qui vivent sous la dictature des systèmes totalitaires, surtout que les peuples de cette zone appellent a l’autodétermination (les Kabyles et les Rifains notamment) dans l’ombre de la légitimité internationale (droit international). Ces changements seront une continuation des changements politiques qu’a connus l’espace euro-méditerranéenne après la deuxième guerre mondiale, de l’indépendance des pays africains du nord et subsahariens dans les années 50-60 à l’effondrement du bloc de l’est, des évolutions démocratiques d’états sud européens (naufrage du régime des colonels en Grèce en 1973, révolution des œillets au Portugal en 1974, chute du franquisme en Espagne en 1977) aux évènements qui touchent aujourd’hui le nord du continent africain, de la Tunisie à l’Egypte.

Le Rif : l’ancienne république qui vit sous la colonisation !

Le Rif est une région plus connue parmi les autres régions du sud de méditerranée, se situe à quelques kilomètres de l’Europe et représentait jusqu’à un passé proche un carrefour des circuits de la migration clandestine, mais aussi une terre de production de cannabis. Toutes ces caractéristiques accordent au Rif une importante place géographique pour la méditerranée dans les relations nord-sud, surtout après la charte du partenariat euro-méditerranéen (Barcelone 1995). Cette région exceptionnelle au niveau historique et géographique gouvernée aujourd’hui par l’Etat marocain, vit une grande pauvreté qui est une conséquence de la mauvaise gestion de la région par l’Etat central marocain depuis 1956. La date de transformation du pouvoir du protectorat espagnol et français au Mekhzen marocain.

Cette région était entre 1921 et 1927 une république indépendante présidée par Mohamed Abdelkarim Elkhattabi (le chef de la guerre du Rif à l’époque). Après 1956, la région est entrée dans une situation plus dure que celle du protectorat espagnol en raison d’une occupation marocaine qui a ignoré et marginalisé celle-ci, ses habitants ont immigré vers les pays de l’Europe occidental depuis le début des années soixante.

Elle est plus connue à travers les révolutions de ces habitants à plusieurs époques, comme celles de 1921 avec la commencement de la guerre contre le protectorat espagnol et la création de la république Rifaine. Aussi celles de 1958/1959 qui était une révolution contre le régime marocain qui devient depuis 1956 un régime autoritaire sur le Rif. Aussi les révoltes des peuples de cette zone contre la marginalisation et l’ignorance que vivent les habitants de cette zone sous le pouvoir central de Rabat. Les révoltes qui donnent des résultats plus tragiques en raison de l’intervention militaire de l’État marocain contre les voix qui réclament des revendications plus que légitimes a travers des manifestations pacifiques, comme celles de 1984, 2005, 2011, 2012 (les événements d’Ait Bouayach)… et celle qui se passe actuellement contre les membres de l’association des chômeurs diplômes.

Elle est une zone très stratégique dans le sud de la méditerranée. Une jonction entre l’orient et l’occident, et n’est une zone de stabilité et de paix et elle demeure affectée par de nombreuses crises souvent très graves et qui développent une tension dangereuse. Elle devient une zone de transit des immigrants subsahariens qui veulent obtenir le rêve européenne. Alors la paix dans cette zone, qui est l’une des zones du sud de la méditerrané très proche de l’Europe signifie la paix des pays européens et l’équilibre social des sociétés du nord de la méditerranée.
Malgré son importance dans les équilibres sociopolitiques dans l’espace euro-méditerranéen, et malgré sa richesse au niveau des ressources naturelles et humaines, cette zone reste parmi les zones plus ignorée par l’État marocain et aussi par la politique euro-méditerranéenne en général, malgré que cette dernière a annoncé le soutien des zones du sud de méditerranée au niveau social et politique, surtout après la charte de Barcelone de 1995. Alors elle a besoin de construire son propre système de gouvernance dans le cadre du droit international, pour sortir de la situation catastrophique que lui fait vivre le régime dictature de la monarchie marocaine. Elle a besoin d’un soutien des pays du nord pour obtenir cet objet politique pour participer finalement dans le maintien de la paix et des équilibres sociopolitiques dans l’espace euro-méditerranéen.

Le Rif et la marginalisation systématique de l’État marocain !

Au lieu de chercher les solutions abordables pour améliorer les conditions de vie, pour laisser un peu d’espoir au peuple, et aux habitants du Rif en particulier, l’Etat marocain a choisi une mauvaise gestion pour forcer la pauvreté. L’État dans ce cas a bien appliqué le dicton populaire des marocains qui dit : “Si tu affames ton chien, il te suivra toujours !” et nous pouvons remarquer plusieurs apparences de la politique d’ignorance qu’a choisi l’État marocain dans la gestion des affaires publiques. Par exemple, la politique de découpage administratif qui a séparé les zones du Rif. Ce découpage adopté pour l’Agence pour la Promotion et le Développement Économique et Sociale des Préfectures et Provinces du Nord (APDN) est plus large et séparable pour Rif. Il se compose de plusieurs provinces : Al-Hoceima, Taza, Taounate constituent la région de Taza – Al-Hoceima – Taounate. Et le nord-ouest constitué des provinces de Tétouan (Wilaya de Tétouan), Larache, Chaouen et les préfectures de Fahs-Beni Makada et Tanger –Asilah (Wilaya de Tanger), par contre, la province de Nador est exclue et fait partie de l’aire d’intervention de l’Agence de Développement de l’Oriental.

Cette politique de séparation entre les zones du Rif appliquée par les autorités marocaines, a ciblé la solidarité des rifains entre eux comme montré dans l’histoire de la résistance contre la colonisation étrangère durant toutes les époques de confrontation, pour détruire alors cette solidarité des habitants du Rif, et quitter l’unification dans la confrontation contre l’Etat qui occupe leurs territoires.
Aussi, nous remarquons les autres apparences d’ignorance et marginalisation de cette région par l’Etat, au niveau de plusieurs domaines socio-économique. Par exemple au niveau de l’analphabétisme, nous voyons que le Rif se caractérise par l’importance de l’analphabétisme par rapport à la moyenne nationale. Au niveau provincial Nador – Al-Hoceima enregistrent les taux les plus élevés dans le Rif voire même au niveau national. Ils enregistrent les taux qui dépassent 34%, et ce sont surtout les communes rurales qui enregistrent le taux le plus élevé dans le Rif (respectivement 50% et 51%). Ce qui signifie que le Rif est encore marqué par la faiblesse de la scolarisation et la propagation de l’analphabétisme. La population rifaine scolarisée ayant 10 ans et plus est concentrée dans l’enseignement collégial. Pour l’enseignement préscolaire, on constate qu’à part les provinces fortement rurales, la majorité des provinces rifaines enregistre des taux supérieurs à la moyenne nationale !

D’autre part, nous pouvons remarquer la marginalisation et l’ignorance du Rif par l’Etat au niveau du taux de la pauvreté, la santé, le taux de chômage et autres niveaux qui confirment l’ignorance systématique Mekhzanien contre le Rif et les rifaines. Surtout que cette région est abordable pour réaliser des grands projets économiques. Elle offre les meilleures conditions humaines et naturelles pour réaliser plusieurs projets qui pourront porter le Rif à un développement économique et social plus rapide, surtout les projets agricoles où semi agricoles. Ses caractéristiques climatiques favorables et la diversité du substrat géologique, le Rif abrite une diversité biologique importante. Cette zone forestière par excellence, constitue un massif forestier d’intérêt écologique et biologique majeur tant au niveau national qu’international, et aussi des autres privilèges qui portent le Rif à obtenir une place plus avancée dans le développement social et économique.

Malgré tout cela, ses privilèges et caractéristiques, le Rif vit encore dans une situation très dure sous l’occupation marocaine. C’est la question de la volonté politique véritable, et le gouvernement marocain n’a pas cette volonté, alors il ne nous reste aucune solution sauf l’appel à l’autodétermination qui garantit au peuple rifain de construire son propre système de gouvernance qui aura la volonté de développer la région socialement et économiquement.

Le Rif et l’application du droit d’autodétermination

Le peuple rifain aujourd’hui est convaincu que la seule solution pour la sortie cette situation catastrophique, que lui fait vivre le régime de l’Etat central du Mekhzen marocain, est l’autodétermination d’autant que l’État central n’a pas réussi dans la gestion politique, sociale, économique et n’a pas la volonté de développer socialement et économiquement cette région.
Après avoir éliminé la république Rifaine par les forces de la colonisation française, espagnole et marocaine, le Rif devient en partie sous le protectorat espagnol et français jusqu’à 1956. La date de transformation, où bien, la date du changement des rôles politiques entre les autorités françaises et les fils du mouvement national dans la convention d’Aix-les-Bains. Le Rif devient autre fois une partie sous le régime de la monarchie Alaouite (le Mekhzen) marocain jusqu’à maintenant.

Durant cette période, les autorités marocaines commettaient des grands crimes contre le peuple Rifain (par exemple en 1958 / 1959, 1984, 2011, ….). Aussi cette État empêche le peuple Rifain de vivre ses droits sociaux et économiques (les obligations de la vie) comme le droit à la couverture santé, le droit au travail, le droit au logement, le droit d’expression, etc. Plus que tous ça, l’État marocain exerce un grand racisme contre le peuple Rifain lorsque il l’empêche de parler sa langue natale « Tamazight » dans toutes les administrations et les fondations publique et semi-publique !

C’est pour cela que plusieurs composantes de la société civile Rifaine appellent à l’autodétermination comme la seule solution pour la sortie de cette situation qui est vraiment catastrophique. L’appel à l’autodétermination du Rif basé sur la légitimité internationale des droits de l’homme, surtout que le droit à l’autodétermination conformément à la doctrine et à la jurisprudence internationale, et à travers la pratique diplomatique, est généralement lié à la Résolution 1514 – intitulée « Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux » – adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 14 décembre 1960.

C’est-à-dire que la société civile Rifaine ne sort pas de la légitimité internationale quand elle demande l’autodétermination, qui est un principe du droit international. Il établit qu’un peuple doit avoir le droit de déterminer sa propre forme de gouvernement, indépendamment de toute influence étrangère.

D’une autre coté, le peuple Rifain est une victime des autorités marocaines au niveau de plusieurs domaines comme nous l’affirmons déjà au début de cet article. Alors nous avons besoin de nous autodéterminer, toujours dans le cadre de la légitimité internationale, surtout que le principe stipule que tout peuple lorsqu’il est victime d’un oppresseur a le droit de se défendre. Il est défini dans l’article premier du Pacte sur les droits civils et politiques du 16 décembre 1966 : « tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel. »

Malgré tout les articles des droit international qui donnent au peuple le droit à l’autodétermination, et malgré que ce droit est un principe principal des droits de l’homme internationaux. Aussi malgré que le fait que Rif était une république indépendante à une certaine époque (1921-1927), le régime marocain continue d’empêcher les Rifains d’exprimer ce droit. Il joue sur une dualité entre le discours et la pratique, et conduit une guerre médiatique contre toutes les voix qui réclament les droits de l’homme, et surtout le droit à l’autodétermination.

En résumé le peuple Rifain ne réclame pas plus de son droit à l’autodétermination qui est un droit plus que légitime pour lui. Ce droit qui est la seul solution des grands problèmes au niveau de plusieurs domaines dans le Rif actuel qui vit sous le régime de l’Etat central marocain.

FEA
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SIWEL 31 1424 AOÜT 13

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