DIASPORA (SIWEL) — Dans une déclaration rendue publique aujourd’hui, le Gouvernement provisoire kabyle a fermement mis en garde « les apprentis sorciers au sein du pouvoir colonial algérien contre toute tentative de porter atteinte à la sécurité des personnes lors de ces funérailles (de Hocine Ait-Ahmed, ndlr), en Kabylie » .

Par ailleurs, faisant référence aux manigances de l’Etat algérien qui tente de trouver le moyen de faire arrêter les souverainistes kabyles, à leur tête Bouaziz Ait-Chebib, l’Anavad met également en garde contre « toute tentation répressive », en précisant que des « instance internationales » ont d’ores et déjà été « saisies.

Bien que ce Conseil des ministres ait été essentiellement consacré à Hocine Ait-Ahmed, eu égard à sa stature et à son importance pour la Kabylie, l’Anavad n’en a pas oublié pour autant son devoir de solidarité avec les autres peuples.

Nous publions ci-après l’intégralité du Compte-rendu du Conseil des ministres du Gouvernement provisoire kabyle.

 

ANAVAD AQVAYLI UΣḌIL
GOUVERNEMENT PROVISOIRE KABYLIE
PROVISIONAL GOVERNMENT OF KABYLIA

CONSEIL DES MINISTRES
27/12/2015

Le Conseil des Ministres de l’Anavad du 27/12/2015 a été principalement consacré au décès de M. Hocine Ait Ahmed, le dernier des hommes historiques de la guerre d’indépendance de l’Algérie. Agé de 89 ans, son histoire se confond avec celle de la lutte pour la décolonisation et de la vie politique nord-africaine postcoloniale.

L’onde de choc provoquée par l’événement de sa mort ne cesse de s’amplifier et de révéler combien cet homme transcendait son temps et son environnement par sa stature, sa vision et sa grandeur. Sa place sur l’échiquier politique algérien de ces derniers 25 ans était bien au-delà de celle du FFS (Front des Forces Socialistes) dont il était le dirigeant et le père fondateur. Intraitable sur les principes et les valeurs, il était d’une rigueur morale qui avait donné tant de fil à retordre aux hommes du pouvoir algérien qui cherchaient toujours à le piéger ou à le corrompre, sans jamais y parvenir.

A la fois intellectuel visionnaire et homme d’action, il ne laissait personne indifférent. Bien qu’il eut pris conscience assez tôt (Crise anti-berbériste de 1949) du fait que ses origines kabyles, dont il était fier, allaient être une entrave à ses entreprises politiques, il n’avait jamais songé à y renoncer. Cela n’a à aucun moment entamé sa détermination pour agir en faveur de ses idéaux de liberté, de démocratie et de respect des droits humains.

Sa résistance contre le fascisme algérien à partir de la Kabylie, de 1963 à 1965, lui avait valu pour de bon l’estime du peuple kabyle qu’il incarnait malgré lui. Si, pour beaucoup d’hommes politiques algériens ou d’ailleurs, la mort de Hocine Ait Ahmed est une perte pour l’Afrique du Nord et l’Algérie, la douleur de la Kabylie qui le pleure est sans équivalent. La Kabylie a perdu en lui son chef d’Etat, son président ou son roi auquel elle aurait tant voulu obéir, auquel elle aurait tant aimé conférer les pleins pouvoirs pour agir en son nom.

Ses funérailles qu’il refuse post-mortem au régime qui fait des Kabyles ses ennemis mortels s’annoncent très populaires.

L’Anavad appelle toute la Kabylie à aller rendre le plus digne des hommages à l’homme qui était sa fierté et son symbole.

Il met en garde les apprentis sorciers au sein du pouvoir colonial algérien contre toute tentative de porter atteinte à la sécurité des personnes lors de ces funérailles, en Kabylie. Que cela soit attenté par l’armée algérienne ou sous couvert de terrorisme islamiste qu’ils instrumentalisent, Bouteflika, Gaid et Tartag en endosseront l’entière responsabilité.

Le déploiement de 3000 militaires pour encadrer l’immense foule qui va faire le déplacement le 01/01/2016 au village d’At Hmed, dans la région de Micli, Ârch N AT Yahya, pourrait être source de provocations que les militants kabyles doivent à tout prix éviter et désamorcer.

D’ailleurs, une provocation diplomatique vient d’avoir lieu. La valise de M. Abderrahmane El Youssoufi, ancien premier ministre marocain, venu présenter ses condoléances au FFS, a été fouillée à l’aéroport d’Alger, contrairement aux usages. L’Anavad condamne ce manquement aux règles diplomatiques et à celles du bon voisinage.

D’un autre côté, les menaces d’arrestation proférées par le représentant du pouvoir algérien à Tizi-Wezzu, le Wali colonial, contre les dirigeants du MAK et à leur tête M. Bouaziz Ait Chebbib, sont inadmissibles. L’Anavad met en garde contre toute tentation répressive contre les souverainistes kabyles. Les instances internationales en ont été saisies.

Il recommande à chacun un comportement exemplaire pour assurer une cérémonie de recueillement toute empreinte de respect et de dignité autant pour le géant Hocine Ait Ahmed que pour sa famille et son village natal. Des robes kabyles et des burnous ajouteraient sûrement de la solennité à cet événement.

L’Anavad dénonce l’hypocrisie du pouvoir colonial algérien qui, pris de court par notre décision de décréter trois jours de deuil kabyle, a improvisé dans la précipitation un étrange deuil de 8 jours avec une minute de silence à la mémoire d’Ait Ahmed avant toute rencontre footballistique en Algérie. Alors que seuls les joueurs kabyles ont porté des brassards noirs en signe de deuil, aucune équipe algérienne n’a suivi la consigne du silence ni porté de brassard particulier. Le deuil n’est en fin de compte que kabyle. L’hypocrisie de cette décision est ainsi étalée au grand jour par l’absence de réaction des officiels algériens qui seraient eux-mêmes derrière l’inobservation de leur propre consigne sur le terrain.

En parlant de funérailles, l’Anavad a également passé en revue celles d’un autre grand homme kabyle, le chanteur populaire Taleb Rabah auquel la Kabylie a rendu un vibrant hommage avec banderoles et drapeaux kabyles au village Tizit. Il salue le patriotisme kabyle de ce village et de tous ceux qui sont venus faire l’adieu au corps.

Devant l’ostracisme qui frappe le peuple frère opprimé du Mzab, l’Anavad réaffirme sa solidarité avec les militants arbitrairement incarcérés par le pouvoir algérien, et à leur tête le Dr Kamel Eddine Fekhar.

En France, l’Anavad s’incline de nouveau à la mémoire des victimes du vendredi 13/11/2015.

Il salue la victoire des nationalistes corses aux dernières élections régionales sous la direction de Jean Guy Talamoni. Son discours d’investiture en langue corse est un exploit qui, sans aucun doute, va faire date et amener enfin l’Etat français à ratifier la charte européenne des langues régionales.

Le Conseil des Ministres a examiné les résolutions des cinq précongrès du MAK. Une synthèse sera bientôt élaborée pour être présentée à la Commission Préparatoire, avant de la discuter et de l’adopter par le 3ème Congrès qui se tiendra en Kabylie le 05/02/2016.

En présentant en avance ses vœux de liberté au peuple kabyle à l’occasion de Yennayer 2966, l’Anavad appelle la Kabylie à marcher avec le MAK et le Comité de Sauvegarde de la JSK, le 12 janvier2016 à Vgayet et Tizi-Wezzu.

Enfin, l’Anavad s’est réjoui du rétablissement physique de son Vice-président et Ministre chargé de la Médiation, M. Lhacene Ziani, hospitalisé pendant plus d’un mois.

L’Anavad en Exil, le 27/12/2015.
Le président, M. Ferhat Mehenni

SIWEL 281544 DEC 15

Laisser un commentaire