MONTRÉAL (SIWEL) — « J’appelle à partir de Montréal l’ensemble du peuple kabyle à se dresser comme un seul homme pour que cette commémoration (du 20 avril), montre de manière éclatante et sans aucune équivoque, l’adhésion de tout un chacun à l’option de l’autodétermination du peuple kabyle. » a déclaré jeudi Ferhat Mehenni lors d’une conférence de presse à Montréal.

 

C’est en sa qualité de président du Gouvernement provisoire kabyle que M. Ferhat Mehenni a été de nouveau accueilli mardi 3 avril au siège de la Société St-Jean Baptiste à la Maison Ludger-Duvernay pour une conférence de presse au cours de laquelle il a passé en revue les sujets de l’heure en relation avec la situation en Kabylie.

M. Mehenni a rappelé les raisons de la création du Gouvernement provisoire kabyle dont la mission impérieuse, a-t-il souligné, est d’interpeller la communauté internationale sur la question kabyle. Il s’agit de faire en sorte « que le droit à l’autodétermination de la Kabylie soit à l’ordre du jour des calendriers de la communauté internationale et particulièrement de l’Algérie ».

La calamité de l’Islamisme

L’orateur a ensuite abordé les révoltes populaires survenues récemment dans les pays arabes en mettant en exergue l’islamisme sous-jacent qui leur a servi de vecteur et traditionnellement instrumentalisé par les dictatures déchues.

Le président de l’ANAVAD se garde de considérer ces révoltes comme des « printemps », car, a-t-il soutenu, « ce qui s’est profilé derrière la chute de Ben Ali en Tunisie, de Moubarak en Égypte, et de Khadaffi en Libye, c’est plutôt un aspect hideux que couvaient ces dictatures depuis longtemps, notamment l’islamisme. Le chantage à l’islamisme a toujours servi aux régimes arabes aujourd’hui déchus, a estimé M. Mehenni. C’est un phénomène prémédité par les dictatures, a-t-il appuyé, destiné dès le départ à « châtier ceux qui allaient les faire tomber « en jetant sur eux » la calamité de l’islamisme ».

Concernant l’attitude de l’Algérie durant ces révoltes populaires, le leader kabyle a dénoncé le soutien du régime militaire algérien aux dictatures arabes. Soutien, qui n’a pas empêché ces régimes de déchoir. En dépit de cet échec cuisant, allant à contre-courant, de l’histoire et du bon sens « l’Algérie continue de soutenir le régime assassin de Bachar El Assad ».

L’Azawad premier peuple issu de la nouvelle décolonisation

Revenant sur l’annonce par le MNLA de la libération de l’ensemble des territoires de l’Azawad, l’auteur de « Le siècle identitaire : la fin des Etats postcoloniaux » a exhorté le Conseil de sécurité des Nations unies qui se réunissait hier sur la question, à considérer de manière favorable les droits territoriaux des Azawadiens : « Je les invite au nom du Gouvernement provisoire kabyle à être assez clairvoyants et assez sages pour ne pas ajouter de la violence et du malheur à ce qui a été vécu par le peuple touareg ces derniers mois. L’idéal serait que l’Azawad accède à son indépendance et que l’ONU lui ouvre ses portes, en tant que premier peuple issu de la nouvelle décolonisation. »

Le 20 avril Journée internationale de la Kabylie pour son autodétermination

Abordant l’échéance du 20 avril 2012, M. Ferhat Mehenni a appelé le peuple kabyle à célébrer avec un éclat sans précédent cette date anniversaire charnière : « J’appelle à partir de Montréal l’ensemble du peuple kabyle à se dresser comme un seul homme pour que cette commémoration (du 20 avril), montre de manière éclatante et sans aucune équivoque, l’adhésion de tout un chacun à l’option de l’autodétermination du peuple kabyle. » Le président de l’Anavad a exhorté les Kabyles à en faire la « journée internationale de la Kabylie pour son autodétermination. » Il a recommandé l’organisation de manifestations de soutien, mêmes symboliques à la Kabylie partout dans le monde où se trouvent les Kabyles afin de témoigner de leur cause auprès de la communauté internationale.

Pour zéro % de votants le 10 mai en Kabylie

Sans surprise, M. Ferhat Mehenni a déclaré que la Kabylie boycottait d’ores et déjà ces élections qu’il a qualifiées de mascarade « à travers lesquelles le pouvoir en place corrompt les candidats et les organisations qui les parrainent et dispose des forces de sécurité comme des agents de propagande et de coercition pour les plus récalcitrants ». M. Mehenni a rappelé la pratique courante de la distribution par le régime des quotas aux partis en lice, qui témoigne de la mainmise de la corruption sur tous les aspects de la vie politique algérienne.

Le président du Gouvernement provisoire kabyle a tenu à féliciter tous ceux qui ont décidé de boycotter « ces élections de la honte et de la trahison » par-delà les appartenances partisanes, par-delà les orientations idéologiques d’hier. « Chose étrange, » a-t-il fait remarquer, « même le vieux parti corrompu qu’est le FLN, compte en Kabylie une douzaine de sections partisanes du boycott. C’est dire que les Kabyles, toutes obédiences confondues sont parvenus aujourd’hui à un consens, » a estimé Ferhat Mehenni sur « la nécessité de construire une Kabylie nouvelle par la rupture avec le régime algérien et ses institutions. »

Maks/bbi
SIWEL 040053 AVR 12

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