IVRY SUR SEINE (SIWEL) – Sur invitation de l’Association Franco-Kabyle d’Ivry sur Seine , le militant et ministre de l’Anavad (GPK) Ahmed Haddag a animé hier, 21 février, une conférence-débat sur le thème « Regard sur la Kabylie »
Entre :
– Son passé glorieux
– Son triste présent
– Son avenir à construire.

 

Dans une salle archicomble, composée d’un public harmonieusement mélangé entre femmes et hommes, enfants, jeunes et moins jeunes, Ahmed Haddag a revisité l’histoire de la Kabylie depuis l’occupation Turc au colonialisme arabo-islamique d’aujourd’hui en passant par l’occupation coloniale Française.

Dans sa longue intervention, en usant le plus souvent d’une langue Kabyle agréable à entendre, le conférencier a mis en avant le passé héroïque qui a caractérisé le peuple Kabyle, dont aucun des occupants successifs, n’a réussi à domestiquer, malgré la différence des forces militaires, en faveur des envahisseurs.

Ainsi précise-t-il, les Turcs, malgré la construction d’un fort à Tizi ouzou et une force militaire supérieure, ont été obligés de reconnaître le pouvoir des Kabyles, notamment sur la route qui les mènent vers le Dey de Constantine, en s’acquittant des taxes donnant le droit de passage sur le territoire Kabyle, ainsi qu’à Yakourène pour la construction de leurs bateaux.

Les forces coloniales Françaises ont subi plusieurs rebellions Kabyles, dont les plus importantes et plus sanglantes sont celles conduites :
Par l’héroïne Fadma NSUMER en 1857, durement réprimée par une armée coloniale forte de plus de 40 000 soldats, conduits par le Maréchal RANDON. Décimée, affaiblie, la Kabylie n’a cependant pas abdiqué.

C’est ainsi que, la répression sanglante, la destruction de son organisation sociale et les interdictions de recomposer ses assemblées de villages (TAJMAAT), la Kabylie a retrouvé les ressorts et la force de se relever pour livrer bataille 14 ans après, aux forces coloniales Françaises en mars 1871, l’insurrection d’une grande ampleur fut conduite par Ccix Aheddad et Muhend At Mokran (El Mokrani).

Le Maréchal MAC MAHON, ne s’y est pas trompé, lui qui deux années avant cette insurrection d’envergure, dans une lettre envoyée le 12 juin 1869, alerte le gouvernement en écrivant "Les Kabyles resteront tranquilles aussi longtemps qu’ils ne verront la possibilité de nous chasser de leur pays".

Le 16 mars 1871, l’insurrection est lancée. Des centaines de milliers d’hommes prennent part à l’insurrection et qui a failli emporter l’ordre colonial. La réaction des forces coloniales fut féroce et aveugle, 100 000 soldats sont mobilisés et conduits par l’Amiral DE GUEYRON. Toute la population a été prise pour cible. Des villages entiers sont détruits
Des familles entières sont décimées. Les terres sont confisquées et distribuées aux nouveaux colons. Des centaines de rescapés sont déportés dans les bagnes de Cayenne et de la Nouvelle Calédonie. S’en suivent dénuement total et famine en Kabylie.

Faisant la jonction entre le colonialisme français et le colonialisme arabo-islamique qui lui a succédé après l’"indépendance" de l’Algérie", le Ministre du GPK, Ahmed Haddag entonne avec gravité "Les Kabyles qui ont été à l’origine du mouvement indépendantiste et qui l’ont animé, croyaient à travers l’Algérie, construire un Etat à leur profit. Ils se retrouvent, après l’"indépendance" avec un Etat qui est leur pire ennemi et qui ne cherche qu’à les transformer en "bons arabes"
Le conférencier a passé en revue, l’ensemble des événements qui ont opposé les Kabyles à l’Etat algérien, raciste et anti-Kabyle :
-1963 avec l’insurrection du FFS qui a fait plus de 400 martyrs non reconnus à ce jour.
-1980 avec le printemps berbère et la répression qui s’en est suivie
-1985 avec la création de la première ligue des droits de l’Homme suivie de l’arrestation des fondateurs, dont Ferhat Mehenni.
-1989 avec l’ouverture politique faisant suite aux événements d’octobre, consacrant une démocratie de façade, mise en échec par une islamisation intense programmée, de l’Algérie.
-Le boycott scolaire 1994/1995 qui confirme l’isolement culturel et linguistique de la Kabylie.

Pour enfin arriver aux événements tragiques et sanglants qui constituent l’onde de choc compte tenu de la gravité et le drame qu’ils représentent, ceux du printemps noir de 2001 faisant 128 martyrs abattus à bout portants par une gendarmerie dite "nationale" et la répression sanglante de l’historique marche du 14 juin 2001 qui consacrent la rupture définitive avec un état raciste et anti-Kabyle.

C’est le moment choisi par le conférencier pour rendre un vibrant hommage à Ferhat Mehenni, ce grand homme, artisan de tous les combats menés par la génération de l’après guerre d’indépendance allant de Tamazight à la démocratie, en passant par les droits de l’Homme et aujourd’hui celui de l’autodétermination du peuple Kabyle. L’émotion fut forte et palpable dans la salle qui s’est manifestée par une salve d’applaudissements.

Pour conclure son intervention, Mass Ahmed Haddag informe et rassure l’assistance sur les potentialités économiques d’une Kabylie indépendante et réitère son appel à l’union du peuple Kabyle pour aller vers sa liberté et sortir la Kabylie du marasme culturel, linguistique, économique et sécuritaire dans lequel l’a plongé l’Etat Algérien.

La conférence a pris fin dans la fraternité après un débat serein et enrichissant, tant les questions et les remarques des intervenants sont pertinentes.

La soirée se termine avec un gala artistique avec une brochette de chanteurs Kabyles de talents, parmi lesquels Mohand Ait Chalal, dont la douceur des mélodies et la chaleur de la voix assurent une fin de journée bien remplie.

cdb,

SIWEL 221022 FEVR 15

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