CONTRIBUTION (SIWEL) — Pour Mas Atcheba, un contributeur au sein de Siwel, cet automne est l’automne kabyle, celui où nous avons entamé des labours et semencé des graines qui porteront, demain, une Kabylie libre et indépendante.

 

La politique est comme l’automne : la nature change de couleur, les feuilles mortes tombent d’elles-mêmes, une baisse de lumière, de tons,voire de bruits.

Le contraire serait un été indien. Mais comme on est partagé entre l’Europe et la Kabylie, cet été là ne serait que passager comme le vent, qui balaie les cimes du Djurdjura.
Au même moment, ici et là, les paysans entament, avant la neige, quelques labours, pour renouveler les semences et leur territoire.

Dans le milieu urbain, les châtaignes remplissent les trottoirs où que les écureuils se promènent dans les forêts de Goteborg, pour combler la solitude des gens et des habitations suédoises.

La démission de Mas Bouaziz Ait-Chebib a donné naissance à ces perturbations automnales, marquées par l’alternance du froid, de la pluie et parfois… de belles journées d’un hypothétique été indien. ..
Sans cette décision de prendre de l’espace et du temps, Bouaziz n’aurait pas attiré vers lui autant de sympathies vraies ou fausses, alors qu’il venait d’échapper à une tentative d’assassinat !

Mas Bouaziz est un militant de conviction et un responsable conséquent.
N’a-t-il pas droit à un repli moral et physique, en mesure de l’aider à établir son bilan politique personnel, au terme de 5 années d’activisme intense ?

Ses vrais amis souverainistes l’auraient convaincu dans cette direction.
Ses faux amis useront d’autres arguments pour lui demander de suivre une voie et une voix à contre-courant de la ligne souverainiste. Ceux-ci, finalement, constitueront le vivier de toutes les manipulations à venir, pour signaler leur "fidélité personnelle" à celui qui voudrait garder sa FIDÉLITÉ à la mouvance souverainiste.

Parmi ces "fidèles", il est à nommer ceux qui alimentent la fausse guerre des concepts (intérieur/extérieur), oubliant, sociologiquement et historiquement, que la Kabylie n’est pas l’Algérie.

La violence des mots n’est pas celle des armes

Le combat libérateur Kabyle est pacifique, visible et ouvert aux millions de Kabyles, qui peuplent leur territoire et au-delà.
Ce n’est pas une agression, ni un délit, que de proclamer haut et fort sa Kabylité.
En Europe, contrairement au pays d’Algérie, se dire Flamand, Catalan, Écossais, Corse, Breton, avec un drapeau à la main, ne mène pas à la prison !

Tous ces peuples ont vécu un processus historique d’identification, qui a mûri au point de constituer désormais des entités étatiques visibles et viables.

Les pouvoirs jacobins successifs ont agi dans un cadre institutionnel pour essayer de bloquer, dans certains cas, ou pour admettre, désormais, ces nouvelles réalités identitaires, linguistiques, culturelles et politiques.

Le besoin de Kabylité est une demande majoritaire du peuple Kabyle, que les institutions algériennes ne peuvent contrarier, à l’exemple du désir d’indépendance de la Catalogne, auquel la Constitution espagnole ne peut s’opposer.
La Révolution Identitaire Kabyle, initiée par Ferhat Mehenni, est une réalité politique et sociale, démontrée en Kabylie et dans la diaspora, au mois d’avril 2016.
Ce n’est point un mythe !

L’Anavad à Paris, le MAK en Kabylie, avaient mobilisé des citoyens Kabyles, pour manifester leurs souhaits de divorcer avec un régime étranger à leur langue, leur culture, leurs traditions et leur histoire.
Qu’y a-t-il d’étrange à dire: je suis Kabyle, je ne suis pas algérien, je suis Amazigh, je ne suis pas arabo-musulman.

L’automne Kabyle, annoncé dans le bruit par certains, accueilli dans le calme par d’autres, permettra, comme de coutume en cette saison de feuilles mortes, d’entamer des labours et semencer des graines qui porteront, demain, une Kabylie libre et indépendante.

Nous appartenons tous à une cause commune, comme ce ciel qui couvre nos champs en Kabylie.
Le Kabyle, quelque soit le territoire où il vit, est un Kabyle et le restera, y compris Zinedine Zidane, ou le père de Daniel Prévost, celui de Jacques Villeret, celui d’Isabelle Adjani, de Dany Boon, ou le Kabyle qui a perfectionné le français de Gérard Depardieu, à Châteauroux.
Chacun à son niveau, à sa manière, ne peut se soustraire à son identité de Kabyle, même s’il est en dehors de la mouvance souverainiste.

Quant à nous, et la majorité des Kabyles qui se sont exprimés en avril 2016 sous la houlette du MAK-Anavad, nous continuerons à militer pacifiquement pour une Kabylie libre et indépendante, mariés à notre territoire, notre langue, notre drapeau, au delà de toute turbulence automnale.

Mas Atcheba
SIWEL 232015 NOV 16

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