PARIS (SIWEL) — Dans un entretien accordé mercredi à la radio française Sud Radio, Bernard Lugan, ethnologue et historien spécialiste de l’Afrique a qualifié les frontières issues de la colonisation en Afrique de « cicatrices qu’il y a lieu de corriger » et soutient qu’un Etat de l’Azawad sera le meilleur rempart contre AQMI et les groupes islamistes du Sahel.

 

« Les frontières coloniales, c’est nous qui les avons tracées. Les Touaregs ont décidé de se séparer de l’État malien pour rétablir la réalité ethno-historique. Un peuple a besoin de son territoire et les États pluri-ethniques en Afrique sont tous des États à problème ». a t-il déclaré à l’antenne de Sud Radio.

Il a ajouté que « les observateurs confondent tout. Il y a deux guerres dans la guerre au Mali et les observateurs occidentaux ne les voient pas ».

« Les Touaregs du MNLA ont repris la zone touarègue dans laquelle ils sont maîtres. Le but des Touaregs est de se séparer du Mali, le but des islamistes c’est de prendre le pouvoir sur tout le territoire malien, » a-t-il corrigé au sujet des accointances présumées entre les deux groupes telles que rapportées par les médias français.

L’historien fait remarquer que « les mouvements islamistes ne sont pas composés de Touaregs. Les mouvements islamistes sont composés de tribus arabes et ce sont eux qui donnent le mouvement aux troupes de Ansar Dine ».

Concernant une éventuelle intervention dans la zone, il dira :«  Il ne faut pas intervenir en zone touarègue, nous avons là l’opportunité enfin de casser ce mensonge des frontières coloniales des États multi-ethniques coloniaux. La balkanisation n’est pas forcément le chaos. Ces frontières ne sont pas des frontières, ce sont des frontières cicatrices. Ce sont des frontières qui ont coupé des peuples et ont forcé de vivre ensemble la poule et le renard ».

Comme solution au problème des groupes islamistes et mafieux qui agissent dans la région il dit : « Il y a dans le Sahara un monde allergique au fondamentalisme musulman, c’est le monde Touareg. Il faut s’appuyer sur eux pour lutter contre AQMI et contre le fondamentalisme musulman. Ce sont des Berbères, ce ne sont pas des Arabes. Les Berbères ne sont pas sensibles à l’islamisme. Les femmes berbères sont libres, elles ne sont pas des objets, elles ne sont pas voilées, elles ont leur liberté ». expliqua-t-il en connaisseur du monde amazigh.

Il concluera : « Les Touaregs ont droit à leur pays. Les Touaregs ont une revendication parfaitement légitime ».

Né le 10 mai 1946 à Meknès (Maroc), Bernard Lugan, dispense des conférences à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) ainsi qu’à l’École de guerre (ministère de la défense), en France. Africaniste, Docteur en histoire et Docteur d’État ès Lettres. Il vient de publier chez Afrique réelle « Histoire des Berbères, des origines à nos jours. Un combat identitaire pluri-millénaire ».

cc/bbi
SIWEL 091921 AVR 12

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