ALGER (SIWEL) — Alors que les populations azawadiennes ont été extrêmement claires sur leurs attentes concernant le règlement de la crise qui oppose l’Azawad au Mali depuis plus de 50 ans, et que ceux-ci sont en tous points incompatibles avec les dispositions du prétendu « accord d’Alger », une délégation de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, conduite par Bilal Ag Acherif, se trouve en ce moment à Alger pour on ne sait quelles obscures raisons.

 

Selon un communiqué de la CMA, ce serait la Coordination azawadienne qui aurait demandé à être reçue par Alger. Or, les divers rapports de l’ONU, de l’Union africaine, les déclarations menaçantes des médiateurs (France et Algérie), la visite d’IBK à Alger et son évocation des « souvenirs heureux des années 1963 sous Modibo Keita » avec le staff de Bouteflika, ne laisse aucun doute sur les pressions et les menaces exercées à l’encontre de la CMA.

En réalité cette visite inopinée de la CMA à Alger n’est qu’une injonction à laquelle la CMA a fini par obéir, allant même jusqu’à déclarer que cette visite relevait de sa propre initiative…c’est dire si la pression doit être forte alors qu’il y a encore quelques jours de cela à peine, il n’était « pas question » que la CMA se rende à Alger ; et dans tous les cas, il n’était pas question que le MNLA s’y rende…et finalement voilà que la délégation de la CMA, non seulement se rend à Alger mais qu’elle est, en plus, conduite par Bilal Ag Acherif en personne …

Alors qu’est donc parti faire Bilal Ag Acherif à Alger ? Est-il allé porter les attentes du peuple de l’Azawad qui ne l’a mandaté que pour cela ou bien a-t-il cédé aux menaces et aux « chuchotements » des serviteurs d’Alger et de Paris qui grouillent dans la CMA, y compris dans l’entourage immédiat de Bilal Ag Acherif ?

Il convient néanmoins de souligner que le contexte de cette visite de la CMA à Alger se produit dans un climat international très largement défavorable aux azawadiens ; ceux-ci refusant de signer leur « arrêt de mort » déguisé en accord de paix sous l’appellation « Accord d’Alger ».

L’hypocrisie et le cynisme des institutions internationales, à commencer par l’ONU et les pseudos médiateurs, en particulier la France et l’Algérie, se sont désormais révélées au grand jour, du moment que ces derniers prétendent résoudre la crise entre le Mali et l’Azawad en prenant ouvertement faits et cause pour l’une des parties, à savoir le gouvernement malien, tout en exerçant pressions et menaces sur l’autre partie, à savoir la CMA ; et ce, dans le but avoué de faire accepter au peuple de l’Azawad sa reddition au profit de l’ordre malien. Le tout en aillant le culot en plus de qualifier cet accord d’« équilibré » !

Par ailleurs, pendant que ces faux médiateurs de la paix exercent pressions et menaces sur la partie azawadienne, les forces armées maliennes et leurs milices continuent tranquillement leurs exactions sur les civils Touaregs et Maures sans pour autant se faire rappeler à l’ordre ni par l’ONU, ni par la France ni par l’Algérie alors que tous jurent qu’ils œuvrent à la paix et à la réconciliation entre les deux parties.

Les enlèvements et les assassinats des civils azawadiens par l’armée malienne se succèdent. Deux jeunes adolescents maures de Gao ont été brûlés vif juste devant un commissariat tenu par les forces maliennes. Alors que ces deux enfants étaient à terre en train d’agoniser, le corps embrasé, la foule « fraternelle » des maliens continuait à asséner des coups de bâton aux jeunes victimes. Est-ce cela la paix et la réconciliation ?
Quotidiennement des bergers Touaregs sont soit assassinés soit enlevés et déportés à Bamako par les forces maliennes ou leurs milices, parfois même avec le concours des forces « de paix » de « la valeureuse MINUSMA », celle-là même qui avait tiré sur les manifestations des femmes de l’Azawad.

Dans le même temps, curieusement les forces combattantes du MNLA se font régulièrement attaquer par les organisations terroristes qui sévissent dans l’Azawad alors que la vaillante Serval, devenue Barkhane est censé être sur place pour combattre le terrorisme pendant que les Fama et autres milices gouvernementales maliennes s’acharnent sur les civils azawadiens.

Et c’est dans ce contexte ahurissant que le nouveau chef de la Mission de l’ONU au Mali (MINUSMA), le tunisien Mongi Hamdi, déclare ce lundique son organisation « ne peut pas attendre indéfiniment » le paraphe de l’accord de paix d’Alger par la Coordination des mouvements de l’Azawad … Est-ce à dire que son organisation passera outre et imposera une paix factice, synonyme (encore une fois) de mort certaine, aux populations de l’Azawad ? Depuis quand les accords de paix sont-ils imposés par une partie à une autre et à son détriment et non pas négociés entre les deux parties au bénéfice des deux parties ?

C’est quoi cette paix onusienne ou les azawadiens sont sensés signer de leur propre main leur arrêt de mort ? Le cynisme et la prédation débridée des puissances internationales ont atteint des proportions alarmantes et la vérité est que l’ONU n’a plus aucune crédibilité auprès des peuples.

Tous les peuples qui ont eu à pâtir de sa médiation se sont rendu compte que l’ONU n’est rien d’autre que la caisse de résonnance des puissances occidentales. L’ONU a pour habitude de régler les conflits en fonction des intérêts de ses membres qui ne sont rien d’autre que le prolongement des colonisateurs d’hier. Et pour ce qui concerne l’Afrique toute entière, son malheur vient de la colonisation française et du système de la Françafrique qui lui a succédé.

Malheureusement, et pour leur plus grand malheur, le territoire historique des Touaregs est l’objet de toutes les convoitises… La France est prête à liquider des peuples entiers pour garder la primauté de l’exploitation des ressources africaines. Les Touages ont été les premiers à être sacrifiés.

AREVA, la société prédatrice du gouvernement français a massacré le magnifique territoire des Touaregs du Niger pour extraire l’uranium qui éclaire toutes les nuits les avenues de Paris au prix du sacrifice de centaines de milliers de Touaregs dont la vie est devenu un enfer avec un quotidien fait de misère, de pollution, de malformation et de maladies incurables.

Les miettes des bénéfices colossaux de l’exploitation des ressources naturelles sont quant à elles jetées aux despotes et autres criminels qui gouvernent les Etats postcoloniaux d’Afrique. Ces derniers se font « élire » dans les couloirs du Quai d’Orsay pour servir les intérêts de la France.

Qui, en dehors des professionnels de la mauvaise foi, peut feindre d’ignorer qu’Ibrahim Boubacar Keita a été élu président du Mali par le Quai d’Orsay ? Qui peut feindre de croire que la persistance de la présidence de l’algérien Bouteflika n’est pas due aux intérêts de Paris ?

Qui peut croire que la CMA s’est rendue à Alger de sa propre initiative ? La question est donc de savoir dans quelle proportion se sont exercées les pressions et les menaces sur les membres de la CMA et surtout est-ce que ce déplacement à Alger signifie qu’ils sont prêts à signer une honteuse reddition ?

Nous savons que certains membres de la coordination et même du MNLA ne doivent leur existence au sein des mouvements azawadiens qu’en prévision de ce moment fatidique où ils devront coûte que coûte amener Bilal Ag Acherif, en particulier, à signer cet accord car si le MNLA ne signe pas ce simulacre d’accord, tous peuvent bien signer les accords d’Alger il n’aura aucune valeur et c’est bien pour cela que le MNLA demeure la cible tant des actes d’hostilité des forces maliennes, des milices gouvernementales et des terroristes, comme il est le principal groupe sur lequel s’exerce toutes les pressions internationales, Alger, Paris et ONU en tête.

Mais Bilal Ag Acherif doit savoir que s’il venait à signer cet accord en l’état, sans la prise en compte « complète » » des points issus de la consultation avec la société civile azawadienne, il aura signé par la même occasion un acte très grave de trahison, un acte qui ne bénéficiera d’aucune excuse et qui ne lui sera jamais pardonné quelles que soient les pressions et menaces qu’il aura pu subir.

Bilal Ag Acherif avait eu le courage de refuser de porter en son nom la honte et le déshonneur de la reddition d’un peuple qui lutte depuis plus de 50 ans dans les plus atroce souffrance pour sa survie, il serait vraiment mal avisé de céder après avoir été plébiscité par le peuple, justement pour ne pas avoir bradé ses souffrances et sacrifié ses espoirs.

Tous les peuples du monde ont leurs oiseaux de mauvais augure. Bilal Ag Acherif doit savoir que les bon conseilleurs ne sont pas de bons payeurs. Il devra donc se garder des "conseils avisés" tant de la médiation que de certains proches, qui sont en réalité bien plus proches d’Alger que de Kidal. Bilal Ag Acherif doit savoir qu’il joue aujourd’hui la postérité de son nom, à jamais lié à celui du peuple de l’Azawad qu’il aura servi jusqu’au bout ou qu’il aura bradé au dernier moment, le choix est aujourd’hui entre ses mains.

zp,
SIWEL 011758 AVR 15

Laisser un commentaire