AVIS DE RECHERCHE : MAIS ELLE EST OÙ CETTE « NATION » DITE ALGÉRIENNE.

KABYLIE (SIWEL) — Touché, mais pas encore coulé, noyade en cours, le fauteur de trouble politique et de paix en Afrique du Nord, cette région rebaptisée « Maghreb arabe » par la force de la falsification de l’Histoire, est identifié, désigné et fixé. En langage diplomatique « Le système politico-militaire » dans la vulgate populaire « la junte militaire dictatoriale algérienne ».Le président français Macron, l’auteur de cette sulfureuse saillie, n’a pas fait dans la dentelle pour dénoncer ce « système politico-militaire (qui) s’est construit sur une rente mémorielle » avec « une histoire officielle totalement réécrite », se cantonnant à la France il ajoute « qui repose sur une haine de la France » quand il aurait pu ajouter que cette haine touche aussi le Juif, le Kabyle et tout ce qui n’est pas arabe et musulman. Un Dasein algérien pathologique.

À cette Histoire officielle qu’il déclare triturée, le Président Macron ajoute et enfonce le clou, il titille l’existence en creux l’essence et l’identité même de cette « Algérie », « est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? et insiste-il « ça, c’est la question ». Effectivement, une grosse question. Elle a déclenché la colère injustifiée d’Alger. La vérité blesse.

Au moment où la junte est noyée sous la revendication irrédentiste Kabyle, l’indépendantisme Kabyle porté haut et fort, même et surtout, au niveau international par le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), la sortie présidentielle de Macron est venue renforcer et apporter indirectement un appui politique à la spécificité identitaire, culturelle, linguistique et nationale Kabyle.

La comparaison est vite faite entre une  » nation  » algérienne inexistante bien avant la colonisation française et bien après cette dernière et ce jusqu’à présent, avec une  »société  » abîmée plongée dans le doute, le trou identitaire et sociétal face à une Kabylie bien assise sur des millénaires d’histoire.

Si la question présidentielle se rapportait à la période d’avant la colonisation française, elle n’en demeure pas moins d’actualité tant pour les algériens tombés dans l’abîme identitaire, à la recherche d’une identité « nationale » dans un maelström existentiel ou l’algérien ne sait plus s’il est arabe, turc, Berbère ou plus encore Berbère arabisé par l’islam, un BAPI, un nouveau marqueur identitaire inventé par la junte arabo-islamiste, cette fois-ci explosif, car intrinsèquement lié à l’islam rejetant de facto tout autre culte et croyance dans la condition de Dhimmis.

Elle, la terrible question, renvoie inéluctablement à la question de l’indépendantisme Kabyle, une donne politique lancinante, que la junte algérienne arabo-islamiste tente d’éluder et réprime de toute ses forces. Plusieurs centaines de Kabyles pacifiques sont actuellement en prison pour délit d’opinion, l’indépendantisme pacifique. En clair de Kabylité. Au demeurant fut-ce un seul Kabyle en prison et c’en est déjà un de trop.

La Kabylie est ce pays avec son Histoire millénaire, un peuple, une culture, une langue, des coutumes, des traditions, des lois, en somme une civilisation, elle renvoie à cette « Algérie » l’image de sa précarité existentielle et historial. Un drame politique pour la junte incapable d’asseoir son identité nationale importée, tout comme la poudre de lait, dans le kit idéologique arabo-islamiste.

Par ailleurs, le président Français n’ignore rien de cette Kabylie restée indépendante jusqu’en 1857 et qui a livré bataille sur bataille pour reconquérir son territoire et ce jusque dans cette guerre d’Algérie une fumeuse dénomination, que d’aucuns des historiens honnêtes ont nommé la « guerre de Kabylie » tant la résistance était, en majorité, concentrée sur le territoire Kabyle alors que le reste du territoire dit algérien, particulièrement à l’ouest, était quasiment indemne de tout combat, à l’image d’Abdelkader qui a capitulé dès décembre 1847.L’Histoire, même falsifiée, est là pour rappeler que cette « Algérie » a été créée par la France en 1839 et que la Kabylie, qui n’a signé aucun acte de reddition, a été annexée à cette « Algérie française » après la défaite militaire de Nna Fadhma N’Soumer de juin 1857.Les propos du président Macron viennent à point nommé pour mettre des limites à la véhémence et à la haine de cette junte militaire, arrogante, imbue de sa force militaire. D’abord contre les algériens, ensuite particulièrement contre le Maroc, Israël et bien sûr les Kabyles ciblés désormais dans l’opération génocidaire « Zéro kabyle », avec un été meurtrier tant sur le plan sanitaire avec le blocage des équipements médicaux et les incendies de forêts criminels qui ont causé plus de 250 morts.

Contre le Maroc qui a reconnu le Droit à l’autodétermination de la Kabylie, la junte militaire dans sa folie meurtrière et vengeresse, après avoir cessé l’acheminement du gaz via ce pays vers l’Espagne et y avoir coupé ses relations diplomatiques, la junte envisage, d’après Arslane Chikhaoui, un conseiller de Tebboune, d’expulser plus de 700 000 marocains établis en « Algérie » depuis des dizaines d’années, au risque de créer un désastre social et humanitaire d’une grande ampleur. Un projet purement fou et criminel porteur de la déstabilisation de toute la région nord-africaine et des pays du pourtour méditerranéen.

Après l’interrogation de Monsieur Macron, certainement, la nation algérienne n’a jamais existé en tant que telle ainsi que l’a relevé Mas Ferhat Mehenni sur les origines de l’Etat algérien : « L’Algérie n’est pas une nation mais une mosaïque de nations qui n’ont pas consentis à vivre ensemble mais forcées de le faire ».Des nations forcées à vivre ensemble sous la férule d’un système faussaire, révisionniste et négationniste de l’Autre dans toutes ses dimensions, humaine, historique, culturelle, identitaire, linguistique, sociétale, en somme civilisationnelle. Le concept de « nation algérienne » ainsi que l’ânonne et veut qu’il soit accepté et respecté par cette « Algérie » a-t-il un sens au regard de ce qui précède aggravé par un article de cette constitution qui fait de l’islam la religion de l’État, réduisant ainsi le lien social, sociétal et communautaire à la seule appartenance au culte musulman ?À quelle fraternité ou vivre-ensemble, essence d’une nation, peut renvoyer ce totalitarisme négateur des valeurs universelles, des droits humains, de l’éthique universelles et de la démocratie ?LA REALITE HISTORIQUE.

La « nation » dite algérienne a toujours été l’objet de questionnements. Sous tendue dans les années 20 par les Kabyles initiateurs du mouvement national qui ont mis la question de la berbérité au cœur du débat, avec à son apogée la crise dite « berbériste » de 1949 puis en 1936 la question a été franchement posée par Ferhat Abbas qui a recherché en vain « la nation algérienne ». (*)La question reste d’actualité ainsi que l’a soulevée, Mas Ferhat Mehenni (**) « A ce jour, l’Algérie a avancé deux thèses contradictoires et mensongères, sur la genèse de son État » celle qui affirme qu’il « est d’origine ottomane, tenant du royaume d’Alger, (1515-1830) et celle de l’ « État d’Abdelkader…issu du traité de la Tafna (1837-1847) invitant cette « Algérie » à choisir mais relevant plus loin que dans les deux cas « cet État est illégitime ». Usant d’un sophisme teint d’ironie, Mas Asselway, relève « S’il est d’origine turque… nous sommes encore sous État vassal, toujours colonisés par la Turquie….S’il est issu du Traité de la Tafna, la Kabylie n’en faisait pas partie et son père-fondateur l’avait aliéné en le livrant à la France ».Petite parenthèse. Soulignons ici que l’agitation politique dite hirak a buté exactement sur le non-dit, de la définition plutôt de la redéfinition, de cette « Nation ». Les idéologies politiques portées par les différents courants politiques à l’intérieur de ce mouvement sous-tendent des projets de société, donc identitaire et civilisationnel, antinomiques de l’un de l’autre.

La junte militaire arabo-islamiste aura beau jouer les faussaires et les révisionnistes de l’Histoire en inscrivant par exemple dans ce qui lui tient lieu de constitution que cette «  »Algérie » est une terre arabe », la réalité historique, sociologique, anthropologique et civilisationnelle est là pour indiquer que tous ces tripotages idéologiques et historiques, ne sont et ne resteront que des enfumages.

Cette « Algérie » une fumisterie créée par la France coloniale en 1839 n’est point viable et comme toutes les chimères elle est appelée à s’effacer et son colonialisme cesser tout comme l’ont été les colonialismes français et ottoman.

CLKI – Chroniqueurs Libres de la Kabylie Indépendante

SIWEL 061830 OCT 21

(*) CITATION DE FERHAT ABBAS LE 23 FEVRIER 1936 DANS LE JOURNAL L’ENTENTE« Si j’avais découvert la nation algérienne, je serais nationaliste, et je n’en rougirais pas comme d’un crime. Les hommes morts pour l’idéal patriotique sont journellement honorés et respectés. Ma vie ne vaut pas plus que la leur. Et cependant, je ne mourrai pas pour la patrie algérienne, parce que cette patrie n’existe pas. Je ne l’ai pas découverte. J’ai interrogé l’histoire, j’ai interrogé les vivants et les morts, j’ai visité les cimetières, personne ne m’en a parlé…On ne bâtit pas sur du vent. Nous avons écarté, une fois pour toute, les nuées et les chimères pour lier définitivement notre avenir à celui de l’œuvre française dans ce pays. »

(**) https://www.siwel.info/aux-origines-de-letat-algerien-par…