AT-DWALA (SIWEL) — Aux environs de 11H 30, brandissant des posters de Lounès Matoub et des drapeaux kabyles, les militants du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), à leur tête le président du Mouvement, Bouaziz Ait Chebib, sont venus des 4 coins de la Kabylie pour se recueillir sur la tombe du Rebelle.

Dans un discours dont vous trouverez les grandes lignes ci-après, le président du MAK n’a pas manqué de relever « l’ardeur et la fidélité des nouvelles des générations envers le combat identitaire », justifiant ainsi un proverbe mexicain cité par un jeune militant du MAK qui dira « Ils ont voulu nous enterrer, ils ne savaient pas que nous étions des graines »…

Et en effet, ce sont des milliers de graines kabyles qui ne cessent de germer sur la terre ancestrale de cette Kabylie éternelle : « idurar ay d l3emri-iw » disait le semeur de graine…

Ci-après le compte rendu de cette journée d’hommage du MAK au Rebelle Kabyle Matoub Lounès.

 

Après avoir observé une minute de silence à la mémoire du Rebelle, le président du MAK a pris la parole pour rendre un hommage appuyé à Matoub Lounès qu’il qualifia « d’éveilleur de conscience » et de « formateur de générations et de générations de militants kabyles qui jamais n’abdiqueront devant le colonialisme arabo-islamique algérien ». Bouaziz Ait-Chebib a relevé l’ardeur et la fidélité des nouvelles des générations envers le combat identitaire : « Voir des enfants, qui ne n’étaient même pas nés quand Lounès a été assassiné, venir comme ça lui rendre hommage, ça dénote la grandeur de l’œuvre de l’homme qui a transcendé les générations et rassemblés les kabyles dans la diversité de leurs idéologies pour un seul et même idéal : la liberté».

Puis le président du Mouvement kabyliste précisera encore. « Nous n’avons pas besoin de spéculer sur son combat, car Lounès a défini lui-même son idéal, ses aspirations et le but de son militantisme de son vivant. Il a bel et bien chanté la kabylité, tout comme il a revendiqué le droit du peuple kabyle à disposer de sa propre république. Nous n’avons rien inventé. Il l’a précisé lui-même face à son peuple, comme il aimait à le dire et les preuves de ce que nous avons existent ».

Evoquant son ignoble assassinat, le président du MAK a entre autre déclaré que « l’on aura beau désigner les seuls islamistes comme étant ses assassins, le peuple kabyle lui sait très bien qui l’a fait assassiner. Il a désigné ses véritables assassins le jour même de son meurtre en criant : pouvoir assassin ! Aujourd’hui, nous le disons haut et fort : il a été assassiné par l’Algérie arabo-islamiste, l’arabisme et l’islamise étant les deux revers de la même pièce ». Puis, citant justement Matoub Lounès lorsque ce dernier évoquait dans son dernier album la scission du pays (A ncerreg tamurt), le président du MAK conclut par : « Asm’ara ncerreg tamurt, justice lui sera rendue ! Vive Lounès ! Vive le peuple kabyle ! Vive Tamazgha ! ». Les slogans sont alors repris en chœur par la foule nombreuse.

Ensuite, le président du MAK a invité Hsen Chirifi, un vieux militant de cette cause identitaire entamée depuis plus d’un demi-siècle, à venir déposer un drapeau kabyle sur la tombe de Matoub Lounès. Le geste, fortement symbolique, a immédiatement empli d’émotion l’assistance qui s’est mise à scander « Kabylie indépendante ! ». Rappelons que Hsen Chirifi était l’un des compagnons de Masin U Harun (Haroun Mohamed) et qu’il avait passé 10 ans de sa vie dans les prisons algériennes dans l’affaire des poseurs de bombe. Hsen Chérifi a rejoint le MAK dont il est actuellement un fervent militant. C’est lui, l’aîné dans cette lutte acharnée contre l’assimilation forcée, qui a déposé le drapeau kabyle sur la tombe du Rebelle. La symbolique du geste a ému l’assistance qui voit se succéder les générations de Kabyles, où les uns sont assassinés ou exilés, et les autres emprisonnés et torturés, pendant que le travail d’assimilation et de dépersonnalisation de la Kabylie se poursuite et s’intensifie…Et la foule qui s’écrie alors « Kabylie indépendante !!! »

Quelques minutes plus tard, le président du MAK accueille Abderazak Aissat, cycliste kabyle et militant du MAK, qui a parcouru à vélo une distance considérable en hommage à Matoub Lounès. En effet, Abderazak Aissat est parti de Tazmalt, en passant par Chorfa, Taqervust, Iferhunen, At vu Yusef, Aqvayli, Yatafen, At Yani, Taxuxt pour enfin arriver à Tawrirt Mussa. Cet itinéraire parcouru en signe d’hommage à Matoub Lounès a forcé l’admiration des centaines de kabyles présent dans la demeure du rebelle.

Puis Abderaeazk Aissat, le président du MAK, Bouaziz Ait Chebib, et un membre de la Coordination d’Akbou, Koceila Iken (une victime du printemps noir au cours duquel il a perdu une jambe) ont été reçu par la famille de Lounès Matoub dans la demeure de l’éternel Rebelle. La rencontre a eu lieu dans une ambiance fraternelle conformément à l’esprit rassembleur de Matoub.

Il est à noter que, sans doute échaudé par l’accueil qui lui avait été réservé l’année dernière, le Bachagha Ould Ali El Hadi ne s’est pas hasardé à se montrer cette année. Du reste, les militants kabyles l’attendaient de pied ferme et étaient décidé à le renvoyer chez ses maîtres s’il s’était aventuré à se présenter en ce jour sacré pour les kabyles.

Enfin, il est également à noter que des militants du MAK, agacés par une affiche portant l’emblème algérien et sur laquelle était inscrit « L’Algérie de Matoub Lounès », ont entrepris de barrer le drapeau algérien et d’effacer et de corriger « Algérie » par « Kabylie »… Un jeune militant citant une célèbre phrase de Kateb Yacine dira « ils nous tuent et ils nous rendent hommage ! », « C’est bon, ça suffit comme ça ! Que chacun assume désormais ses rôles et ses responsabilités !».

Ensuite le drapeau kabyle déposé sur la tombe du rebelle a été hissé par un grand nombre de jeunes qui n’ont cessé de succéder pour prendre des photos avec leur drapeau sur la tombe de Matoub Lounès : Rebelle kabyle pour l’éternité, le rebelle auquel s’applique à merveille le proverbe mexicain « Ils ont voulu nous enterrer, ils ne savaient pas que nous étions des graines »… Et en effet, ce sont des milliers de graines kabyles qui ne cessent de germer sur la terre ancestrale de cette Kabylie éternelle…idurar ay d l3emri-iw disait le semeur de graine.

cdb/zp,
SIWEL 251843 JUIN 15

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