PARIS (SIWEL) — Le pouvoir algérien était déjà très inquiet. Au vu de la mobilisation, en ce dimanche 17 avril 2016 à Paris, où l’on a dénombré près de 10 000 kabyles de la diaspora manifester en faveur de l’indépendance de la Kabylie, battant le pavé de la place de la Bastille à la place de la République, cette inquiétude risque de monter d’un cran.

 

C’est avec curiosité et étonnement que les occupants habituels de cette place, le mouvement de la jeunesse française "Nuit Debout" ont vu débarqué cette foule compacte et coloré, revendiquant la liberté pour leur pays : la Kabylie.

C’est au son et au rythme des slogans kabyles que les places de la Bastille et de la République ont vibré ce dimanche : "pouvoir algérien criminel", "Kabylie indépendante!", "Algérie coloniale", "Nous ne sommes pas des arabes" et d’autres slogans appelant à la liberté de la Kabylie.

Pour ceux qui en doutaient encore, cela devient une réalité : on observe une réconciliation des kabyles avec la chose politique mais avec un tournant par rapport aux revendications passées. Les kabyles se battent désormais pour eux-mêmes, loin des combats ambitieux pour une hypothétique démocratisation de l’Algérie toute entière, souvent contre les algériens eux-mêmes. Beaucoup de kabyles semblent ne plus croire en un avenir "algérien". Le drapeau kabyle, pourtant récent, a supplanté l’emblème algérien qui est désormais carrément rejeté par beaucoup de kabyles.

D’ailleurs, un incident s’est produit au début du rassemblement sur la place de la Bastille où cinq individus, visiblement venus perturber la marche afin de provoquer les militants kabyles, se sont faufilés à l’intérieur du rassemblement munis de drapeaux algériens. Cela a évidemment provoqué la fureur des kabyles, qui ont encerclé le groupe de provocateurs sous les cris de "Kabylie indépendante" et "pouvoir assassin", avant d’être éjectés, avec leurs drapeaux par les manifestants kabyles.

Cet épisode illustre le divorce désormais consommé entre l’Algérie et la Kabylie, dont de plus en plus de citoyens revendiquent l’indépendance pure et simple.

Cette marche s’est déroulée sans autre incident, aux sons notamment des chansons de Lounès Matoub, Oulahlou et Ferhat.

Arrivés sur la place de la République, plusieurs orateurs se sont succédés sur l’estrade afin de faire passer leurs messages, notamment un Ferhat Mehenni des grands jours, visiblement dopé par le succès de cette marche et par l’adhésion de plus en plus massive des kabyles à l’option indépendantiste.

Il fustigera notamment la France qui, avec sa politique de soutien au régime algérien et aux régimes arabes en général, "creuse sa propre tombe". Il n’a pas hésité également à reprendre de volée certains animateurs du printemps berbère de 1980, dont certains veulent faire la quintessence de l’histoire de la Kabylie, en affirmant que "le printemps noir de 2001, où des jeunes ont été assassinés par la gendarmerie algérienne alors qu’ils étaient totalement désarmés, surpassait le printemps berbère de par le nombre de morts et son importance politique. C’est en effet dans le sillage du printemps noir de 2001 qu’est né le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), devenu onze ans plus tard le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), dirigé par Bouaziz Ait Chebib, dont il a salué le travail en Kabylie.

Cette marche constitue un tournant dans l’histoire du militantisme kabyle. Dans l’attente de la marche du 20 avril dans les 3 principales villes de Kabylie, Tizi Wezzu, Vgayet et Tuvirett, qui donne déjà des sueurs froides à un régime algérien dont il faudra surveiller avec attention la "gestion" de cette manifestation pacifique.

ol/bc/wbw
SIWEL 172232 AVR 16

http://www.siwel.info/Couverture-de-la-marche-Pour-la-Kabylie-a-Paris-Actualise-en-temps-reel_a8959.html http://www.siwel.info/Couverture-de-la-marche-Pour-la-Kabylie-a-Paris-Actualise-en-temps-reel_a8959.html

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