Allocution du Président de la coordination MAK Amérique du Nord, Mass Hafid Saadi à l’occasion de la commémoration des Printemps kabyles à Montréal
Montréal (SIWEL) — À l’occasion de la commémoration des Printemps kabyles de 1980 et 2001, le Président de la coordination MAK Amérique du Nord, Mass Hafid Saadi, a livré une vibrante allocution en présence de Monsieur Mario Beaulieu, député du Bloc Québécois, madame Evelyne Abitbol, Conseillère spéciale à la diversité au Cabinet du chef de l’opposition à l’Assemblée nationale du Québec, Murat Gusel, Président de la Fondation kurde du Québec et devant une importante foule de Kabyles, tous venus prendre part à la marche de la liberté organisée par l’association Amitié Quebec-Kabylie et la coordination du MAK Amérique du Nord, le 21 avril 2018 à Montréal. 
Un discours engagé dans lequel le jeune souverainiste a souligné les sacrifices du peuple Kabyle dans sa lutte pour la liberté de la Kabylie en rappelant aussi que la Kabylie, comme nouveau pays, a toutes les conditions et les dispositifs nécessaires pour rejoindre les nations libres, et contribuer officiellement à l’édification d’un monde  juste, pacifique et prospère. 
Voici le discours dans son intégralité:
Je n’ai pas encore fait mon deuil, la Kabylie n’a pas encore fait son deuil. 
Aux victimes d’avril 80 et avril 2001, et à toutes les victimes tombées pour l’idéal de la liberté, reposez-vous en paix. À leurs familles, nous n’avons pas oublié. En ce qui me concerne, je n’ai pas encore fait mon deuil. La Kabylie n’a pas encore fait son deuil. Tant que le but n’est pas atteint, et tant que le combat n’est pas gagné, je ne peux me permettre de pleurer ces frères, ces sœurs, ces maris, ces femmes, ces pères et ces mères tombés pour l’idéal de la liberté.
Nous ne pouvons vivre qu’en étant pleinement Kabyles.
Nous ne pouvons pas penser le monde d’aujourd’hui avec les idées d’hier. Nous ne pouvons pas être pleinement Kabyles en Algérie et nous ne pouvons vivre qu’en étant pleinement Kabyles! Moi, je ne m’adresse pas qu’aux Kabyles, je veux m’adresser aux Algériens aussi. Nous sommes aujourd’hui devant l’une de tes institutions, bâtie par le sacrifice et le sang de nos grands-parents, nos parents, nos enfants et la crème de nos artistes et intellectuels. Nous sommes là pour te dire une dernière fois que la Kabylie va divorcer.
Ce n’est pas l’armée française qui tue les miens mais c’est l’Algérie.
Voyez-vous? Chaque génération est forgée et marquée par des événements historiques qui lui sont propres. Pour la génération qui précède la mienne, la guerre d’Algérie fut cet événement. Je comprends qu’avec de tels sacrifices nul choix que d’être marqué à vie. Mais comprenez bien que ma génération a été plutôt marquée par avril 2001. Ce n’est pas l’armée française qui tuent les miens mais c’est  l’Algérie, dans un silence total et complice. Avril 2001 est le socle de l’acharnement identitaire de ma génération. Ce qui marque un enfant de 11 ans à vie c’est de voir son ami de 13 ans assassiné et ne pas comprendre pourquoi! Avril 2001 est le moment où le peuple kabyle s’est retrouvé tout seul encore une fois face à une autre tragédie. Nous nous souvenons tous, c’était un état de guerre. Dans nos rues, des gendarmes algériens qui tiraient sur la foule avec des balles aussi aveugles que leurs cœurs. Impunité, immunité. Alors être Algérien, où est l’utilité ?
Nous dédions nos vies à la Kabylie. Nous voulons une république de Kabylie. Être nous-mêmes.
Vous savez, tant qu’on se prendra pour ce qu’on n’est pas, on courra dans tous les sens mais on avancera pas. Alors nous devons marcher comme un seul homme derrière le même but, l’indépendance. Nous n’avons pas encore dit notre dernier mot. Comme ceux que l’on commémore aujourd’hui, nous, indépendantistes, nous dédions nos vies à la Kabylie. Nous voulons une république de Kabylie. Être nous-mêmes. Pour recouvrer notre indépendance, Nous avons choisi le combat pacifique! Nous avons choisi comme seule arme le savoir parce que les hommes qui ont les balles combattent souvent les hommes qui ont les idées . Nous avons choisi le pouvoir des mots et de l’intelligence collective afin d’arracher notre liberté et enfin dire à ces Kabyles qui ont donné leur vie pour la dignité et la liberté: Regardez! Regardez, votre sacrifice n’est pas vain. À cette génération assoiffée de liberté de justice et de paix, je dis: Battez-vous! Battons-nous! Nous ne laissons personne disperser nos rangs.
Ce combat que nous menons à mains nues nous remplit la tête d’idées et le cœur de détermination.
Il y’a quelque jours, l’Aza rouge est né. On l’attendait avec impatience. À la tête de cette organisation, se trouve une jeune fille. Tasedda At Salem, Bravo championne. La femme Kabyle qui a combattu tous les colonialismes hier et qui a combattu tous les obscurantismes mène aujourd’hui un dernier combat pour l’indépendance de sa patrie et l’avenir de ses enfants. Voilà ce que je te dis d’ici, de Montréal, je suis convaincu que  notre génération mène le dernier combat, notre dernière bataille avant d’atteindre la liberté. Notre partie, notre Kabylie sera indépendante. Ce combat que nous menons à mains nues nous remplit la tête d’idées et le cœur de détermination. Nous avons foi en notre identité, en notre Kabylie et au lieu de vous le dire nous avons préféré vous le montrer. La preuve, vous êtes tous là.
L’Algérie n’est pas le premier colonisateur, mais c’est le dernier à faire déguerpir de la Kabylie.
Le 10 mars 2015, nous avons ajouté à l’Aza, symbole de notre amazighité, ce rameau d’olivier que nous avons choisi comme emblème. C’est l’arbre de  la Méditerranée. C’est l’arbre noueux et qui même dans son âge le plus avancé soudain fait paraître des fleurs et donne des fruits quand on le croyait achevé. C’est l’olivier de la paix et de la prospérité. Tel est notre combat. Nous voulons être nous-même dans ce vaste monde, cohabiter en harmonie avec tous les peuples. Cessons de nous cacher derrière des excuses préfabriquées. «Ulayɣar nurǧa assirem n-tt-senid ɣef ṣγaṛ», disait Lounès Matoub. Nous avons un honorable rendez-vous avec l’histoire, chers compatriotes. Conjuguons le futur au présent. Bâtissons un état pour nos enfants. L’Algérie n’est pas le premier colonisateur, mais c’est le dernier à faire déguerpir de la Kabylie. Nous allons y veiller.
Gloire à nos martyres et vive la Kabylie indépendante.
Hafid Saadi, Président de la coordination MAK Amérique du Nord.

Le Président de la coordination MAK Amérique du Nord a remercié chaleureusement tous ceux et celles qui sont venus marcher pour l’autodétermination de la Kabylie, pour la justice et la dignité.

La réussite de cette manifestation revient à une équipe qui n’a pas aménagé aucun effort durant plusieurs semaines de préparation et surtout à l’élan de sympathie et d’adhésion des Kabyles à l’idée de l’indépendance de la Kabylie. Les enfants, accompagnés de leur famille, ont été nombreux à participer à cette marche historique, signe que le Kabyle tient à son identité et sa patrie, la Kabylie.

cb
SIWEL 222251 AVR