ALGÉRIEN KABYLE, UN CONCEPT FUMEUX OU PLUTÔT LE SYMPTÔME D’UNE SCHIZOPHRÉNIE AIGUË ?!?

KABYLIE (SIWEL) — Je n’ai rien contre personne si ce n’est avec ceux qui osent insulter, incriminer les Kabyles voulant le rester. Pour ma part, ce n’est pas normal encore moins acceptable que certains se permettent de nous juger criminels, racistes tout simplement parce que nous ne pensons pas comme eux, alors que pendant ce temps, eux, sans honte aucune, ils nous assènent d’injures plus sordides les unes que les autres.

La dernière que j’ai vue sur Siwel info* (version Facebook) est assez grave et surtout caractéristique de ceux qui nous font la morale, et pour leur part s’asseyent dessus allègrement. Ils nous traitent de séparatistes, de traîtres, de haineux… et j’en passe. Mais eux, ils ont le droit de déverser leur détestation sans vergogne, en toute légitimité croient-ils. Regardez, oui regardez cette horreur parce que certains Kabyles, dont je fais partie, veulent sauvegarder leur identité attaquée quotidiennement dans ce no man’s land appelé Algérie :
« Si j’étais président de la République, j’aurais accordé l’autonomie à la kabylie ,j’entasserais tous les kabyles derrière une clôture construite en béton comme le mur de Berlin. En été, j’allumerais le feu dans les montagnes qui entourent la kabylie, ce qui va les étouffer comme des rats dans une cage. »

Voilà donc la fraternité à l’algérienne dans toute sa bonté, sa splendeur. On en rêverait ! Quelle joie ! Quel bonheur !
Je n’ai jamais, à ce jour, osé dire le quart de cette ignominie. Je suis toujours restée sur le terrain des idées et des arguments, pas des insultes et encore moins des menaces de mort. Alors qui est le haineux, le violent ? Dites-moi !
Pour ma part, je veux simplement que la Kabylie reste elle-même, à savoir kabyle avec sa langue, sa culture, ses codes vestimentaires, sa tolérance religieuse qui est en train de partir à vau l’eau. Il n’y a aucune haine là-dedans, bien au contraire c’est l’amour de mon identité ancestrale qui m’habite et m’amine. Et cela est une légitimité reconnue par toutes les instances internationales qui, pourtant, n’empêche pas les loups algériens de sortir du bois.
Allez chacun y va de sa sornette, les indépendantistes sont des terroristes, des rageux, des intolérants etc. etc., et les premiers sur la liste, ce sont souvent des algérianistes kabyles devant à tout prix montrer aux yeux de l’Algérien lambda leur soumission, et qu’ils ne mangent pas de ce pain-là. Ils se sentent, semble-t-il, le devoir de rétablir les chaînes de la servitude du peuple kabyle à cette Algérie que l’on appelle injustement nation.

Ils ne sont pas d’accord, je le conçois tout à fait, c’est leur droit le plus absolu mais de là à fustiger les Kabyles recherchant l’authenticité et la reconnaissance de leur identité, c’est pour ma part injuste car la question se posant, c’est qui agresse, nie même l’existence de l’identité kabyle au sein de ce territoire créé par la France. C’est ce que j’appellerais le monde inversé. L’agresseur n’est pas celui que l’on croit et idem pour l’agressé. Bien entendu, nombreux sont ceux qui jouent sur les mots pour faire croire à ces fadaises, l’Algérie est la pauvre victime des Kabyles indépendantistes. Il y a de quoi s’étouffer de rire !

Depuis le début de la vie de ce pseudo État, le Kabyle n’avait qu’à bien se tenir, il devait accepter son sort d’exilé dans son propre territoire. Sa langue, ses codes culturels, ses aspirations, à la poubelle de la nation algérienne pour que cette dernière puisse se targuer aux yeux de ses maîtres moyen-orientaux de son arabité. S’il n’y avait pas eu résistance de la part des berbéristes, aujourd’hui, oui aujourd’hui, notre kabylité serait du passé. On aurait pu dire fini terminé, plus de Kabyles et encore moins d’Algériens kabyles, il n’y aurait que des Algériens et en sous-jacent des Arabes.
Si l’Algérien kabyle peut encore, quelque part, affirmer sa kabylité, c’est grâce à ceux qui n’ont pas abdiqué et qui se sont battus pour que notre identité persiste à ce jour. Je les en remercie ! Heureusement qu’ils ont eu la présence d’esprit de refuser ce viol identitaire car où en serions-nous aujourd’hui ? Les oubliés de l’histoire ! Oui l’Algérie a fabriqué une histoire fausse, taillée sur mesure pour abrutir et endormir son peuple pour mieux le déposséder. Libres à ceux qui veulent y croire et s’y accrocher coûte que coûte, c’est leur choix, je ne le remets pas en cause mais on n’a pas le droit de cracher son venin contre ceux qui souhaitent une autre voie, celle de la vérité retrouvée.

Je ne veux pas faire ici la énième démonstration de tous les faits historiques montrant la manipulation des dirigeants successifs de l’Algérie, avant et après son indépendance. Je ne veux pas refaire la liste de tous les événements montrant le mensonge sur lequel est bâti la nation algérienne, cela n’a que trop été fait et n’a pas empêché les pourfendeurs de crier au scandale, à la haine et j’en passe.

Simplement, je demanderai à l’Algérien kabyle de lire les articles fondateurs de la constitution algérienne, s’il veut bien sûr, rien n’est imposé, contrairement à cette Algérie à laquelle il est attaché, je ne suis pas un dictateur, je n’impose pas mon diktat, j’essaie de donner des arguments basés sur des faits objectifs, du factuel, afin de me dire où est-ce qu’il y voit sa kabylité qui l’amène justement à s’affirmer Algérien kabyle.

Au démarrage de l’Algérie indépendante, voilà comment cette dernière se présentait de façon exclusive :
« Article 2. Elle est partie intégrante du Maghreb arabe, du monde arabe et de l’Afrique. »
Où est ici votre kabylité ? Nulle part d’après ce que je lis. Je vous vois venir vous allez me dire oui mais aujourd’hui la constitution dit que Tamazight est officielle. Oui c’est vrai je ne peux nier ce qui est écrit, j’ai pour habitude de me baser sur les textes pour juger les faits donc ce n’est pas maintenant que je vais vous dire le contraire. Mais, il y a un mais, comment en est-on arrivés à cette reconnaissance ? Sûrement pas par plaisir ou souhait de rétablir les injustices, les vérités, mais du fait des luttes acharnées des berbéristes ayant bu de la prison jusqu’à plus soif, dans une indifférence généralisée de la part des non Kabyles quand ce n’était pas de la réprobation. A ce moment-là, pour avoir sa tranquillité, l’État algérien nous a jeté une cacahuète à savoir l’article 4 qui ne rime à rien, c’est un écran de fumée ou plutôt un os à ronger pour les Kabyles afin qu’ils arrêtent de réclamer un respect de leur langue, leur culture. La révision de 2016 qui n’a, au demeurant, rien changé pour nous les Kabyles, dit je cite :
« Art. 4.3 — Tamazight est également langue nationale et officielle.
L’Etat œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en
usage sur le territoire national. Il est créé une Académie algérienne de la Langue Amazighe, placée auprès du Président de la République. L’Académie qui s’appuie sur les travaux des experts, est chargée de réunir les conditions de la promotion de Tamazight en vue de concrétiser, à terme, son statut de langue officielle.
Les modalités d’application de cet article sont fixées par une loi organique. »

Le journal « le Jeune Afrique » acte le fait que ce n’est pas par bonté d’âme ou remise en question que l’Algérie a introduit dans sa constitution la notion d’amazighité dans cette partie du monde, mais bien par la lutte des berbères. Et nous savons de qui il s’agit !

« Après une lutte de plus d’un demi-siècle, la population berbère d’Algérie a obtenu que sa langue, le tamazight, soit reconnue dimanche comme langue officielle, un cran en dessous de l’arabe qui demeure celle de l’Etat… »
https://www.jeuneafrique.com/depeches/300391/societe/lalgerie-consacre-langue-berbere-apres-longue-lutte/

Cette phrase vient, pour ma part, affirmer ce que nous constatons sur le terrain, l’officialité de Tamazight, c’est du pipi de chat, un gadget, un joujou pour calmer les revendications, plus particulièrement, des Kabyles dans la mesure où c’est l’arabe qui a la primauté de l’État algérien.

Par ailleurs, il est essentiel de rappeler que les habitants des régions dites arabes refusent que leurs enfants apprennent Tamazight. Est-ce que l’État algérien les y oblige ? Que fait-il pour remédier à ce rejet ? Bien entendu, rien, ça l’arrange même car il sait que c’est une officialisation de papier et sûrement pas de fait.

Maintenant, imaginez que les Kabyles refusent d’apprendre l’arabe, que va-t-il se passer pour eux ? A votre avis, que va faire le régime algérien ? Il va débarquer avec ses gros sabots et remettre au pas, manu militari, les Kabyles ayant refusé l’apprentissage de l’arabe, et j’en suis sûre, sous les applaudissements quasi généralisés des Algériens ayant refusé, eux, notre Tamazight.

De plus, allez voir le site Algérie patriotique, n’étant pas un site indépendantiste c’est le moins que l’on puisse dire, vous verrez la place de votre berbérité, votre kabylité, en terre algérienne :
« Depuis la publication jeudi de la mouture de l’avant-projet de révision de la Constitution, les commentaires haineux et racistes se multiplient sur les réseaux sociaux. Ils visent tous les Algériens qui sont d’expression berbère et tous ceux qui défendent tamazight comme langue, identité et patrimoine national, qui est déjà consacrée comme langue nationale et officielle dans la Constitution actuelle.

Ce déchaînement sur les réseaux sociaux est dû à la proposition faite par le comité d’experts sur la révision de la Constitution de rendre l’article relatif à l’officialisation de tamazight immuable et non admis à la révision. Cette proposition, bien qu’attendue en raison de l’exclusion de cette révision des trois constantes nationales, à savoir l’arabité, l’amazighité et l’islamité, semble heurter la sensibilité des nouveaux porteurs de l’idéologie arabo-baâthiste qui voulaient faire tomber cette disposition constitutionnelle et dénier donc aux populations amazighes, fort nombreuses, d’exister dans leur propre pays… » https://www.algeriepatriotique.com/2020/05/10/place-de-tamazight-dans-la-nouvelle-constitution-propos-racistes-sur-la-toile/

Sans oublier, l’affaire récente du ministre du Commerce ayant annoncé un projet de loi visant à criminaliser l’usage d’une langue autre que l’arabe dans les commerces, enseignes commerciales et établissement commerciaux.
Ce dernier, ce n’est un secret pour personne, a présenté le jeudi 25 mars 2021, lors d’une séance consacrée aux questions orales au Conseil de la Nation (Sénat), la proposition d’un nouveau projet de loi de criminalisation l’usage d’une langue autre que la langue arabe dans les commerces et enseignes commerciales en Algérie. Il me semblait pourtant, je dis ça je dis rien, que Tamazight est officielle en territoire algérien, donc c’est bien que cette loi avoue implicitement qu’on ne veut pas de cette langue, considérée intruse et qu’en réalité on ne lui concédera aucune place.
En outre, où sont donc passés les cris au scandale des Algériens arabes face à cette décision discriminatoire, eux qui n’hésitent pas à se solidariser avec les peuples moyen-orientaux. Où sont-ils ? Comme à leur habitude, ils approuvent par leur silence cette volonté de réduire la visibilité et l’extension de Tamazight dans leur pays qu’ils estiment avant tout arabe.

Voilà donc l’absurdité du khawa khawa dont on nous rebat les oreilles et me fait dire qu’Algérien kabyle est un concept fumeux voire le symptôme d’une schizophrénie aiguë !!!
Vos Algériens ne s’émeuvent que très rarement de votre sort même le plus dramatique, je vous le rappelle encore une fois, 135 morts et un millier de blessés. A ce jour, nous attendons toujours leur solidarité, leur empathie à notre égard. Nous savons même que nous en sommes loin vu l’accueil que beaucoup d’entre eux nous ont réservé quand nous nous sommes déplacés à Alger.

Il ne s’agit pas de ressasser le passé mais d’en tirer des enseignements d’autant plus que cette situation n’a pas changé avec le temps. Une grande majorité des habitants des régions dites arabes se fichent comme de leur première chemise de ce qui se passe en Kabylie.

A bon entendeur salut !
Vive la Kabylie, vive son identité retrouvée qui ne se fera que par la voie de son indépendance, croire autre chose c’est adhérer à la politique de l’autruche.

*Commentaire relevé sous l’article : QUAND ALLONS-NOUS ENFIN OPTER, À L’UNANIMITÉ, POUR L’INDÉPENDANCE DE LA KABYLIE ?

SIWEL 280930 JUI 21