Algérie : la République des anti-kabyles

CHRONIQUE (SIWEL) — Le système colonial algérien est décidément indécrottable. Le dernier changement de gouvernement nous en donne quelques signes qu’il serait important de mettre en exergue. Après les législatives boudées par les peuples d’Algérie et plus particulièrement et massivement par le peuple kabyle (95,2%), voilà que le gouvernement démissionne pour laisser place à un nouveau staff. Comme pour singer les démocraties occidentales. Et c’est tout cyniquement que la présidence nomme Abdelmadjid Tebboune au poste de Premier ministre ! L’information aurait pu être banale n’était l’association de cet homme aux scandales de corruption ayant éclaboussé les hautes personnalités de l’Etat algérien.

La promotion des « voleurs »

La République des voleurs a de ces raisons que la morale réprouve. Jugez-en ! Abdelmadjine Tebboune a déjà occupé les fonctions de wali de Tizi-ouzou, fin des années 80, ministre de la Communication et de la Culture en 1999, ministre de l’Intérieur en 2000, ministre de l’Habitat de 2001 à 2002 et encore ministre de l’Habitat en 2012. C’est dire le grand crédit dont jouit ce personnage auprès des décideurs. Crédit qui l’a fait passer de statut d’accusé à celui de témoin dans le procès de la banque Khalifa. Pourtant, c’est A. Tebboune qui a instruit les OPGI de mettre leurs liquidités dans El Khalifa Bank. Des milliards de centimes partis renflouer les caisses de la maffia. Aujourd’hui, c’est pour mieux gérer l’entreprise de dilapidation des richesses des peuples d’Algérie que A. Tebboune se retrouve promu Premier ministre. Ce qui rappelle la promotion d’Abdelmoumen Ould Kaddour à la tête de Sonatrach, lui qui avait été épinglé pour « divulgation d’informations classées secret défense ».

Qui est Abdelmoumen Ould Kaddour, le nouveau patron de la Sonatrach?

Épuration ethnique !

Outre la promotion des voleurs, il faut noter que, pour une fois, ce sont les ministres « kabyles » qui ont fait les frais de ce changement de gouvernement. Si l’on prend la chose politique sous l’angle « ethnique », n’en déplaise à certains observateurs experts en bien-pensance, il faut se résoudre à admettre qu’Abdelmalek Sellal et Ramtane Lamamra sont des « Kabyles » débarqués du gouvernement sans grande explication. Le cas Lamamra a laissé coi plus d’un. Il est pourtant le mieux qualifié et indiqué pour gérer les AE, surtout en l’absence d’un Bouteflika que tout le monde sait « mourant ». Mais les décideurs, mus qu’ils sont par leur « anti-kabylisme » primaire, ont préféré le Tlemcénien Abdelkader Messahel, solidarité tribale anti-kabyle oblige. Pourtant, Messahel est un personnage effacé et sans grande envergure. Son origine tlemcénienne semble avoir joué grandement dans ce choix. C’est pourquoi, symboliquement, le débarquement de Sellal et Lamamra représente une épuration ethnique du gouvernement.

Sanction « politique » ?

Selon les observateurs, Abdelmalek Sellal aurait été écarté du gouvernement car il serait promis à un destin encore plus important. Il serait mis en réserve de la République ! C’est ce qui ce dit aussi à propos de Ramtane Lamamra qui aurait un profil de « présidentiable ». Comme si les décideurs pouvaient penser aux intérêts des peuples d’Algérie.

La seule raison pour laquelle Sellal et Lamamra ont été débarqués du gouvernement est à chercher du côté des mouvements de révolte du peuple kabyle de ces derniers temps. En effet, la tâche principale assignée à un « Kabyle de service », qu’il soit homme politique ou parti politique (comme le RCD et le FFS), est celle qui consiste à ramener la Kabylie dans le giron du régime. Or, la Kabylie a brillé ces derniers temps par sa « rébellion » franche et ouverte contre l’Etat colonial. C’est ce que confirment les dernières données des législatives : un boycott massif renforçant le divorce politique du peuple kabyle avec l’Algérie. C’est là que réside l’échec d’un Sellal et d’un Lamamra, des personnalités kabyles censées flouer le peuple kabyle et le ramener dans le rang d’une « Algérie » arabo-islamique. C’est ce qui explique aussi cette « sanction » des partis kabyles, RCD et FFS, qui ont vu le nombre de places à l’APN revu à la baisse.

Anti-kabylisme obligé, même l’effacé président de l’assemblée nationale, Larbi Ould Khelifa est remplacé par un non kabyle.

En fait, tous ces Kabyles corrompus ont fait les frais de la fulgurante et inexorable progression du MAK-Anavad auquel ils devaient faire contrepoids en Kabylie sans jamais y parvenir. M. Ferhat Mehenni et le gouvernement provisoire kabyle, depuis l’exil, continuera donc de les empêcher de dormir.

Akli Ameziane
SIWEL 271647 May 17 UTC

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