CONTRIBUTION DE AMAR AT-ALI USLIMAN (SIWEL) — La nouvelle de la disparition de Mass Hocine Ait Ahmed, s’est propagée comme une trainée de poudre aux quatre coins du monde. Le peuple kabyle, à travers ses institutions (GPK/MAK) et les réseaux sociaux, a rendu un vibrant hommage à l’homme qui a marqué l’histoire récente de la Kabylie et des luttes des peuples opprimés. Un hommage empreint de dignité, cher à notre culture kabyle, et d’un profond respect pour celui que les Kabyles appellent affectueusement Da l’Hocine.

 

Les trois jours de deuil, sincère et réel décrétés par la famille patriotique kabyle, ne peuvent en aucun cas se comparer à des milliers de jours de deuil factice et hypocrite décrétés par le dernier des survivants, mais non moins important instigateur du clan de Oujda, ennemi juré de Da l’Hocine et de la Kabylie. N’en déplaise à certains plumitifs, collaborateurs et indics avilis du régime raciste et colonial d’Alger, Mass Ait-Ahmed a choisi humblement et noblement le Pays kabyle comme dernière demeure. Il reposera, en paix, au milieu des siens sous la protection de son aïeul Cheikh Mohand Ulhocine. Livrer l’âme pure de Mass Ait-Ahmed à Ben Bella, Boussouf, Boumediene et Kafi, qui l’attendent comme des alligators affamés au Carré des vampires pour achever leur sale besogne, serait une sorte de trahison, de deuxième mort et d’affront pour Da l’Hocine et le peuple kabyle.

Mass Ait Ahmed, qui a consacré sa vie pour la libération puis la démocratisation de l’Algérie et de l’Afrique du Nord, a fini par se rendre compte que sa Kabylité est synonyme de traîtrise et de complot aux yeux de ses ” compatriotes algériens” . Accéder à un destin ”national’ n’était qu’une chimère qu’il a caressée pendant toute sa vie, comme plusieurs hommes politiques kabyles de sa génération. Matoub Lounes l’a d’ailleurs bien signifié dans son testament, ” Amsedrar urehakem ghas yeghra yezwar”.

Et pourtant, le Parti de Da l’Hocine, le FFS, a excellé dans sa campagne de charme, au point de perdre son identité politique. Des accointances ”stratégiques” avec le courant intégriste et arabiste, une politique de discrimination positive (nomination des dirigeants arabes au détriment des compétences kabyles), la mise en avant du passé nationaliste de son leader, un silence sidérant face aux piétinements des libertés religieuses, l’utilisation abusive de la langue arabe etc. Rien n’est épargné, tout a été tenté pour avoir la sympathie des ”autres”, mais sans résultats. Après plus de 52 ans de lutte, le FFS n’a pas pu rallier les autres peuples d’Algérie à son projet de société.

Abdeslam Ali Rachedi, un des bénéficiaires de la politique de discrimination positive de ce parti, a reconnu ouvertement que Mass Ait Ahmed n’avait pas obtenu les signatures nécessaires (1 500 dans 22 départements) pour compléter son dossier de candidature à l’élection présidentielle de 1999. En dehors de la Kabylie, d’Alger et de l’immigration, autrement dit le peuple kabyle, la candidature du père de la révolution algérienne, n’a pas suscité l’enthousiasme de ses ”compatriotes”. Ce même Ali Rachedi ainsi qu’ Ahmed Djeddai ont ”opté” d’ailleurs de se présenter aux législatives de 1997 à Alger, devant l’électorat kabyle, assurant du fait même un strapontin à l’assemblée algérienne, au lieu de se risquer dans des contrées hostiles à l’est algérien d’où ils sont originaires. A quoi donc a servi le ”boostage” des candidats non kabyles, s’ils viennent gruger dans l’électorat kabyle !

Un autre fils prodige de la Kabylie, Mass Said Sadi, a subi pendant toute sa carrière politique ce racisme viscéral et ordinaire des Algériens. Le témoignage de l’ancien Wali (préfet) d’Oran, Bachir Frik, à ce sujet, est plus qu’édifiant. Selon ce loyal commis de la république bananière d’Algérie, Mass Saïd Sadi, n’a pas pu convaincre 1 500 citoyens de la wilaya d’Oran de lui signer un formulaire afin de se porter candidat aux présidentielles de 1995. Ce sont donc les services de la wilaya, téléguidés par la police politique du DRS, qui ont fait le nécessaire pour satisfaire les exigences du très respectable Conseil constitutionnel. Il fallait à tout prix traîner la Kabylie dans une mascarade électorale perdue d’avance. L’Histoire retiendra que les dirigeants du RCD de l’époque, par naïveté politique certainement, ne tarissaient pas d’éloges pour la ville d’Oran et tout l’ouest algérien, qu’on présentait comme des terreaux fertiles aux idées modernistes. Les plus crédules d’entres eux, rêvaient même d’un score honorable dans cette wilaya. La suite est connue !

En préférant le voisinage des siens, au ramassis de couleuvres du Carré des crapules au cimetière officiel, le digne petit fils du maître de taqbaylit, Cheikh Mohand Ulhocine , a comme voulu nous révéler son dernier testament : Nig taqbaylit, daw taqbaylit, leqrar-s ttaqbaylit.

Amar At-Ali Usliman

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