150-ÈME ANNIVERSAIRE DE L’INSURRECTION KABYLE DE 1871, LA KABYLIE À LA RECONQUÊTE ET À LA RÉAPPROPRIATION DE SON HISTOIRE

PARIS (SIWEL) — Place de la Bastille à Paris, lieu historique et symbolique de la révolution française, fut ce dimanche 14 mars, en présence de Mas Aselway Ferhat Mehenni et de centaines de Kabyles, la première place à accueillir la première commémoration de l’Histoire de la Kabylie ici, celle de l’insurrection Kabyle de 1871, menée par Muhand Amuqran (El-Mokrani).

Un anniversaire qui vient 150 ans après tant d’occultations et de falsifications sur cette guerre Kabyle contre l’occupation française de la Kabylie quand Abdelkader dit émir avait déjà signé l’acte de capitulation en 1847.

Mas Ferhat Mehenni a déclaré au bout d’un discours d’une quinzaine de minutes que les journées du 24 juin 1857, la bataille d’Icheriden, celle de la guerre Kabyle menée par Nna Fadhma N’Soumer et celle du 16 mars 1871 d’Amuqran seront désormais commémorées chaque année.

Un jour historique pour rendre à la Kabylie et aux Kabyles, leur Histoire, celle qui leur appartient même si ces batailles furent des défaites mais dans l’honneur et la dignité d’avoir affronté l’occupant français mieux équipé.

Mas Mehenni, après avoir exigé la libération des détenus, somme toute, des otages Kabyles, Lounès Hamzi, et Djamel Azaïm, tous deux injustement séquestrés par le pouvoir algérien et dénoncé les silences sectaires et sélectifs dont ils font l’objet, certains allant jusqu’à empêcher les militants Kabyles de brandir le drapeau national Kabyle, celui pour qui Lounès Hamzi se bat et dont Mas Ferhat Mehenni a rappelé le serment de défendre ce drapeau quitte à mourir pour lui.

Il a rappelé aussi le principe voltairien de la défense de toute personne réprimée pour ses idées même si l’on ne partage pas ses idées, pour rappeler à l’éthique politique les égarés qui ne le respectent pas.

Il a souligné que l’exigence de la libération des détenus Kabyles d’opinion et politique, est un devoir et que Lounès Hamzi est emprisonné pour ses activités de président de la coordination du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) et non pour ses publications sur les réseaux sociaux et il a poursuivi que c’est ainsi que nous pouvons construire un monde de paix, de sérénité et de progrès.

Ce dimanche d’exil parisien du 14/03/2021 est un jour historique pour la Kabylie et les Kabyles. Avec sarcasme et ironie Mas Mehenni rappelle une vieille expression Kabyle « autrefois on portait des toques mais aujourd’hui ma tête a atteint la toque » exprimant à travers cette parabole l’absurdité d’une situation qui a atteint ses limites dans la falsification et le déni de l’Histoire de la Kabylie ; Parce qu’en ce jour cela fait 150 ans qu’ « unfaq u-rumi », la guerre contre la France coloniale, que les Kabyles à l’appel d’Amuqran se sont insurgés contre l’ordre colonial, le 16/03/1871, suivi quelques jours plus tard par Ccix Aheddad à Imsissen, jurant qu’un « fleuve de sang nous séparera de cette France coloniale et que nos enfants ne deviendront pas leurs enfants ».

Cette insurrection a mobilisé plus de 250 000 Kabyles, il y’eu des milliers de morts parmi les Kabyles, des prisonniers ont été déportés soit en Nouvelle Calédonie, d’autres au Moyen Orient et enfin d’autres à Cayenne.

Réfutant la propagande colonialiste française qui a tenté de nier le caractère nationalitaire de cette insurrection, Mas Aselway a martelé que « l’insurrection de 1871 est une révolte pour l’indépendance de la Kabylie et rien d’autre ».  

Il a ensuite remercié les insurgés de 1871 tout comme ceux de 1857 en référence au soulèvement armé de Nna Fadhma N’Soumer en 1857.

Il a fièrement souligné que malgré les défaites des Kabyles à ces batailles, aucun d’entre eux ne s’est résigné, dans le déshonneur, à signer un acte de capitulation, maintenant ainsi la revendication de l’irrédentisme Kabyle, et souligne « La Kabylie ne s’est jamais inclinée devant personne ».

Il a mis en comparaison, en exergue au passage la capitulation de la France à Versailles après sa défaite face à l’Allemagne.

Il poursuit :« Ce jour est un hommage à nos ancêtres, à nos devanciers, ceux qui ont à cœur l’honneur et la liberté du peuple Kabyle. Ils méritent tous les éloges et les respects et ce ne sont pas les falsifications de l’Histoire qui vont nous arrêter » et de ces falsificateurs, il dit « avant c’étaient eux qui écrivaient l’Histoire, aujourd’hui c’est nous qui le faisons » rappelant que dans « les archives ouvertes et déclassifiées par la France, on découvrira qu’Amuqran a défendu le royaume de la Kabylie qu’il fallait préserver et non pas ses propres terres » appelant dans la foulée les étudiants Kabyles en Histoire à s’investir dans la recherche et de « fouiller dans ces archives » pour éviter que d’autres la falsifient à nouveau et qu’il nous appartient de nous « réapproprier de notre Histoire ».

Mas Mehenni a ensuite invité les centaines de Kabyles présents et à travers eux tous les Kabyles qui suivaient ce direct en Kabylie ou dans d’autres pays à « être en phase avec les insurgés d’hier, c’étaient nos parents ».

Ensuite il a rapporté un témoignage important sur la dissémination des combats à travers toute la Kabylie. Dans les archives récupérées dans son village à Maraghna (Illoula Umalu) on apprend que des gens sont morts à Aadné distante de 70 km de Larvaa Nath Iraten. Des combats partout, c’était à l’honneur de nos parents, de nos ancêtres d’avoir fait ce geste. La dignité.

Cette insurrection rappelle à Mas Aselway, le Printemps Noir Kabyle, « des jeunes kabyles qui sont morts pour la liberté et la dignité du peuple Kabyle. Pour l’indépendance de la Kabylie. Mais nous ne le savions pas faute d’avoir su décrypter (à temps ndlr) des signes de l’Histoire et de l’actualité ».

Après un léger silence, solennel, Mas Aselway s’adresse au peuple Kabyle « Mes frères et sœurs en cette heure solennelle, nous nous réapproprions notre Histoire. Depuis 150 ans, jamais personne n’a célébré ni commémoré l’événement et ce jour est arrivé pour le faire et ce sera ainsi chaque année ». Nous le referons répètera-t-il sous les applaudissements nourris des Kabyles présents ce dimanche.

Avec solennité, Mas Mehenni déclare « Désormais le 24 juin 1857 et le 16 mars 1871, seront des dates phare de la Kabylie qui vont générer une mémoire collective entretenue et valorisée. À partir d’aujourd’hui nos ancêtres vont se reposer en paix. Nous reprenons le flambeau ».

Il rappelle ensuite qu’il y a eu « deux levers de drapeaux National Kabyle importants. La première fois c’était pour lui prêter allégeance, le 18/04/2015 et la deuxième fois le 28/04/2015 sur le lieu de la bataille d’Icheriden » pour dire que là où nous avons été battus, nous nous relevons pour dire que le combat continuera jusqu’au bout » ajoutons ensuite « la troisième fois c’est aujourd’hui. Je vous invite tous à observer une minute de silence à la Mémoire et à l’Honneur des insurgés de 1871 ».

Mas Asselway Ferhat Mehenni, termine son discours historique par Vive la Kabylie Indépendante, suivi de l’Hymne National Kabyle. Un cri et un Hymne National qui ont résonné comme des coups de tonnerre aux oreilles des falsificateurs de l’Histoire et des négationnistes du peuple et de la Nation Kabyles.

SIWEL 161415 MAR 21