Entre indépendance et autonomie : De la métaphore et de son usage fallacieux

ANALYSE (SIWEL) — Il me semble utile de revenir sur le rapprochement plus que maladroit entre le statut de la Kabylie dans une chimérique “Algérie plurielle  et démocratique”- que l’on s’attellera évidemment  à bâtir dès demain pour plaire à « l’ingénieux » rassemblement autonomiste –  et de celui du Québec dans un Canada pacifique et prospère.

Non pas bien sûr que la Kabylie ne mérite pas ou ne serait pas capable d’atteindre le niveau  d’un Québec industrieux, innovant, libéral, paisible, laïc et compétitif dans les sciences, les sports et les arts. Bien au contraire, au vu de la réussite dans les affaires, et surtout dans le monde académique, des Kabyles  tels que ceux et celles installés au Canada et au Québec en particulier, je pense qu’il y a plutôt des raisons d’espérer.

Mais encore faut-il que la Kabylie prenne son destin en main et cela bien avant la nirvana autonomiste progressive  promise par des apprentis-recycleurs et qui inéluctablement  aboutirait à l’indépendance de l’au-delà, c’est-à-dire quand Taqvaylit ne sera plus et si ces rassembleurs-conseillers en euthanasie douce en prennent les commandes.

Mais revenons à cette analogie fallacieuse qui a été avancée pour donner du crédit à ce groupuscule cadet encore mouillé du liquide amniotique de l’autorité despotique du charlatan et surgi d’hier pour s’accaparer de la bru après que l’aîné de la famille, héritier de la bravoure des ancêtres, défia l’ordre pour marcher vers la lumière.

Une analogie se veut par définition un mini-modèle d’un pan de la réalité, et en tant que telle, elle se doit de refléter les traits essentiels et déterminants des objets pertinents et des rapports qui existent entre eux.   Or un élément essentiel du lien du Québec à la confédération Canadienne réside dans le fait que le Québec fut avec le Nouveau Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Ontario un membre fondateur du Dominion du Canada, né le 1er Juillet 1867. ( Oui, cette année le Canada fête son 150 ème anniversaire!).

Par contre, la Kabylie qui fut annexée par la France se retrouva phagocytée par le système panarabiste imposé par le groupe des héros-d’après-feu connu sous le nom de groupe d’Oujda. Le soulèvement des maquisards kabyles de 1963 fut sévèrement réprimé dans le sang par les criminels Houari Boumedienne et Ben Bella et ce fut alors le début d’une longe série de punitions et d’humiliations que la Kabylie et les Kabyles continuent encore de subir.

L’Algérie, un pays sans Histoire et sans projet,  se donne l’illusion d’exister sur un assemblage de mirages tel que l’unité dans l’arabité et l’Islam et puise la motivation de ses orientations politiques essentiellement dans la nécessité de dompter la Kabylie rebelle. Celle-ci en effet en contredisant l’immersion totale dans une bulle remplie d’odeur de purin, notamment la Umma Arabiya, chaîne de fabrication de zombies, contredit la seule source d’orgueil et cache-sexe d’une Algérie à l’histoire inexistante du fait du déni identitaire imposé aux peuples qui l’habitent.    Sinon, et ce n’est pas là la plus insolite des manœuvres du régime,  comment expliquer toute une réforme des lois régissant les structures sportives dans le seul but d’occulter le « K » dans le sigle du fameux club sportif JSK?  Ce n’est pas moi qui le dis! Mohammed Harbi, un ancien du régime, a jugé le sujet assez pertinent pour y consacrer une bonne partie d’un chapitre dans «  FLN : Mirage et Réalité »!

Retenons donc l’adhésion volontaire du Québec en 1867 comme membre fondateur du Dominion et à l’opposé l’asservissement de la Kabylie à une Algérie fantoche et kidnappée par des falsificateurs dont le trait d’union est l’anti-kabylisme déjà virulent dans le mouvement de libération, ainsi que pendant et après la guerre contre la France coloniale durant laquelle la Kabylie a consenti la plus grosse part des sacrifices.

Depuis 1867 le Québec ne cessa de contribuer à façonner le Canada non  seulement en participant à l’édification de son économie, mais aussi en définissant sa gouvernance. Il est à noter que sur les 54,677 jours ( 149 ans, 8 mois et 12 jours) d’existence du Canada aujourd’hui composé de 13 provinces et territoires, le poste de premier ministre a été occupé par des nâtifs du Québec  pendant exactement  61 ans, 6 mois et 10 jours, soit pendant 41% de l’existence du Canada!  A cela il faut ajouter que le Québec peuplé d’un peu plus de 8 Millions  est au point de vue démographique loin derrière l’Ontario, la province la plus peuplée, avec presque 13.5 Millions d’habitants.  Voici à titre d’information les détails et les dates exactes durant lesquelles des Québecois ont dirigé le Canada.

Wilfrid Laurier (parti libéral) : Premier ministre du 11 juillet 1896 au 6 octobre 1911
15 ans , 2 mois , 26 jours

Louis Saint-Laurent (parti libéral) : Premier ministre du 15 novembre 1948 au 21 juin 1957
8 ans , 7 mois, 7 jours

Pierre Trudeau (parti libéral) : Premier ministre du 20 avril 1968 au 3 juin 1979 et du 3 mars 1980 au 30 juin 1984
11 ans 1 mois 15 jours, puis 4 ans , 3 mois, 28 jours

Brian Mulroney (parti conservateur)
Premier ministre du 17 septembre 1984 au 25 juin 1993
8 ans , 9 mois, 9 jours

Jean Chrétien (parti libéral) : Premier ministre du 4 novembre 1993 au 12 décembre 2003.
10 ans,  1 mois, 9 jours

Paul Martin (parti libéral) : Premier ministre du 12 décembre 2003 au 6 février 2006.
2 ans, 1 mois, 26 jours

Justin Trudeau (parti libéral) : Premier ministre du 4 novembre 2015 –
1 an, 4 mois, 7 jours

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_Premiers_ministres_du_Canada

A titre de comparaison, les partis RCD et FFS, malgré leurs participations multiples à des élections algériennes n’ont jamais pu arracher un seul siège en dehors de Tizi, Vgayet, Bouira et Boumerdes depuis l’introduction du multi-partisme en 1989.  Inutile de souligner que l’investiture suprême a toujours été et va demeurer hors de portée pour un ou une Kabyle, y compris les serviteurs les plus zélés du pouvoir arabo-islamique, ainsi que logiquement les plus talentueux et ceux dotés d’une légitimité historique et d’un parcours infaillible au service de cette même Algérie.

Une autre fourberie du modèle insinué dans un article paru dans Le Matin DZ, Tamurt et les médias sociaux, est qu’il passe sous silence l’impact du vecteur religieux. Au Québec, la Révolution Tranquille  eut lieu sans qu’aucune tête ne fut tranchée. Si par contre d’ici demain les Chouchane et Madani Mezrag ont le dessus au gré des tractations et formules de distribution du pouvoir à venir, ils insisteront pour que la Kabylie soit soumise à leurs pratiques exorcistes les plus vicieuses.  Ils ne manqueraient pas alors de lui réserver un sort comparable à celui des femmes Yézidies entre les mains de Daesch,  une répression tous azimuts s’abattra sur les indépendantistes, et tout cela sous l’œil surpris ou peut-être acquiesçant  du nouveau rassemblement des… proxénètes de Kabylie dont le programme aura contribué à la livrer comme offrande à leurs géniteurs.

La noble Cour Suprême du Canada, elle qui a su arrêter les élans de Harper à implémenter un agenda contraire aux principes humanitaires qui font la fierté du Canada, n’a pas d’équivalent en Algérie arabo-islamique en voie de salafisation absolue. Hélas aucune Cour n’est là pour prendre la défense de Bouhafs et sauver la vie de Kamaleddine Fekhar mourant, et à la cadence où la situation progresse, une Police des Vertus chère aux régimes de type saoudien, soudanais ou iranien fera table rase une fois pour toutes des traditions laïques du peuple kabyle advenant une répartition propice du pouvoir.

Il reste à trouver le moyen de dévoiler les desseins funestes de ces artisans de l’envers et de l’endroit qui tout en admettant que le temps est l’ennemi de la survie de la spécificité politique, culturelle et philosophique de la Nation Kabyle persistent tout de même à préconiser comme modèle de véhicule de sauvetage une voiture avec les roues en l’air livrée et en voie d’être dépecée par les Rapaces Professionnels de Kabylie…

Entre le Québec et le Canada, il y a comme traits d’union entre autres le majestueux fleuve Saint-Laurent, une voie maritime marchande qui permet aux vaisseaux de relier l’Atlantique et les Grands Lacs d’Amérique du Nord…et entre la Kabylie agressivement paupérisée et dont la jeunesse est forcée à l’exil et le régime de l’Algérie sorcière, il y a le fleuve du sang de nos Héros pour nous séparer.

Pour qu’un 1er Juillet 1867 devienne possible sur le territoire de Tamazgha, il faudrait d’abord un tout autre contexte que celui qui a généré la n-ième tragédie de la Kabylie en 2001…Mais la Kabylie n’est plus disponible pour libérer le tout, elle n’en a plus le temps. Elle veut la paix pour  construire son avenir et protéger ses enfants, et elle saura se souvenir!

Aruy Aqvayli
SIWEL 131641 Mar 17

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